Faial s’étend sur 21 km de long et 14 km de large, il est donc facile de faire le tour de l’île en voiture en une journée. Nous y sommes restés une semaine et n’avons pas vu le temps passer ; nous pourrions encore y rester un mois tant il est agréable de s’y promener, de prendre un bol d’air pur, de faire le plein de vert, de flâner… Le jour où nous avons loué la voiture le temps était brumeux, et pourtant les paysages étaient magnifiques. Depuis Horta, nous avons suivi la route côtière puis rejoint la caldeira, un cône volcanique qui domine l’île. Nous avons juste eu le temps de voir le fond du cratère avant que de gros nuages nous bouchent toute la vue. Ensuite nous sommes allés jusqu’à la pointe ouest de l’île, à Capelinhos. Il s’agit d’un îlot volcanique qui a surgi des flots en 1957-58, recouvrant de cendres et de lave un hameau de pêcheurs, mais laissant le phare intact. Il en reste un paysage lunaire constitué de cendres, de pierres volcaniques et de buissons d’herbes sèches. Nous avons visité le musée et sommes montés en haut du phare. J’ai toujours été fascinée par les phares alors j’étais ravie de pouvoir grimper les escaliers en colimaçon ! A Varadouro, nous avons admiré les piscines naturelles aménagées comme celles de Garachico à Ténérife, mais ce n’est pas encore la saison pour s’y baigner. L’endroit que j’ai préféré reste Horta pour son ambiance cosmopolite et Porto Pim, un peu à l’écart, qui abrite une plage ronde de sable noir. Les couleurs y sont fantastiques. Horta est si attachante que nous avons du mal à larguer les amarres. Au-delà des paysages, ce sont surtout les Açoriens, si accueillants, et leur histoire intimement liée à celle de la chasse au cachalot, qui font le charme de cette île perdue au milieu de l’Atlantique.
31 mai : la trace de notre passage à Horta
Pas question de quitter Horta sans faire une peinture sur le quai de la marina ! C’est la tradition ici : chaque équipage laisse une trace de son passage. Ainsi, Horta est devenue une galerie à ciel ouvert, chargée d’émotions, porteuse de tant de rêves. Pontons, jetées, murs, bancs ou pavés : tous les supports sont bons pour accueillir une peinture. Ces œuvres sont éphémères, les peintures les plus anciennes se décolorent puis s’effacent sous l’effet de la pluie et des pas des promeneurs, et de nouvelles viennent les recouvrir. Je suis admirative de la diversité de ces fresques, des plus naïves aux plus sophistiquées. Chaque fois que nous passons sur un quai, notre regard se porte sur un dessin différent. Nous retrouvons avec grand plaisir les peintures de bateaux que nous connaissons : Griounou, Peer Gynt et même Yallingup ! Nous commençons par choisir notre emplacement, sur le quai principal, pas très loin du bateau. Pour le motif, je ne me pose pas trop de questions : ce sera celui du tampon de Maskali, créé par La Fabutineuse, reproduit ici à grande échelle (avec quelques problèmes de proportions !). Après avoir écumé tous les magasins de peinture du coin, impossible de trouver la couleur exacte « baie des Bermudes » ! Reste à trouver une éclaircie et peindre entre deux averses… mais en 2 jours c’est fini !
Horta, port mythique
La marina d’Horta n’est pas bien grande au regard des centaines de bateaux qui y font escale. Faute de place suffisante, les voiliers doivent se mettre à couple le long du quai d’accueil, c’est-à-dire amarrés les uns aux autres, en attendant une hypothétique place. Pour aller et venir à terre, il faut donc enjamber les bastingages et passer chez son voisin… Mais tout cela se fait dans la bonne humeur. On a eu de la chance, au bout de 3 jours le responsable de la marina nous a trouvé un emplacement sur un catway (grâce aux filles il faut le dire, les jeunes enfants étant prioritaires). On adore l’ambiance de ce port, on s’arrête tous les 10 mètres pour saluer quelqu’un, échanger sur la traversée, les réparations en cours, les prochains départs… Il y a dans l’air quelque chose de spécial, des regards complices et des sourires qui en disent long. Le souffle des gens heureux d’avoir accompli leur rêve, tout simplement.
26 mai : incontournable, le Café sport à Horta
On en a rêvé de ce café en faisant nos quarts sous la pluie durant la traversée… et c’est également sous la pluie que nous allons prendre un verre (et même déjeuner) au Café sport, l’un des bars les plus connus des marins. Tous les navigateurs ayant traversé l’Atlantique à la voile se retrouvent un jour ici, des skippers les plus célèbres aux anonymes comme nous. Depuis sa création en 1918, il en a vu passer des marins de tout poil, et ses murs ont entendu de sacrées histoires ! La spécialité « Chez Peter » – le surnom du fondateur, c’est désormais son fils qui a repris le flambeau – c’est le Gin tonic ou le Gin do mar, avec un soupçon de fruit de la passion. Alors, nous trinquons à votre santé !