Une pensée pour les victimes d’Irma

Une pensée pour les victimes d’Irma

Non classé, Voyage

Comment ne pas être sous le coup de l’émotion après le passage de l’ouragan Irma qui a ravagé plusieurs îles des Caraïbes ? Barbuda, Saint-Barth et Saint-Martin : nous y étions il y a tout juste 6 mois ! Située à 100 km de Saint-Barthélémy, la petite île de Barbuda – 1 600 habitants – a été frappée la première par l’ouragan de catégorie 5 et ses vents soufflant à près de 300 km/h. Elle est totalement dévastée. Le 11 mars dernier, j’étais tombée sous le charme de Barbuda, avec son immense plage vierge et déserte, ses eaux turquoises, les frégates qui nichent dans la mangrove… Que devient George, notre guide à Codrington et dans la réserve ornithologique ? Nous pensons à lui, à sa famille, et à toutes les victimes de cet ouragan sans précédent. Nous pensons également aux marins qui ont perdu leur bateau, qui ont vu leur rêve se briser. On n’est jamais vraiment préparé aux catastrophes naturelles, même dans ces îles qui subissent régulièrement l’assaut des cyclones. Je ne publierai pas ici de photos de ruines et de désolation, déjà largement relayées, mais de l’île telle que nous l’avons connue, qui retrouvera son vrai visage et son âme à la force des bras de ses habitants pour la reconstruire.Barbuda_Irma_01 Barbuda Barbuda Barbuda Barbuda

Eléa dans 1jour1actu

Eléa dans 1jour1actu

Loisirs, Voyage

Il y a un an, juste avant notre départ, Eléa faisait la une du journal 1jour1actu. La rédaction a souhaité l’interviewer pour recueillir ses impressions au retour de notre voyage. Découvrez l’article sur le site web 1jour1actu.com et n’oubliez pas d’acheter votre exemplaire en kiosque !

1jour1actu
Couverture d’1jour1actu, en kiosque tout l’été.

1jour1actu

 

 

Et après ça ?

Et après ça ?

Loisirs, Voyage

Comment on reprend sa vie « d’avant » ? Comment on retrouve d’un coup la ville, les embouteillages, la pollution, le bruit, la foule ? Comment on se lève au son du réveil ? Comment on reprend sa voiture tous les matins pour aller au travail ? Comment on reste assis toute la journée dans un bureau ? Comment ne pas être aspiré par le tourbillon du quotidien qui reprend ses droits ? Qu’est-ce qui a changé ? Est-ce que j’ai changé ? Ce sont les questions qui me viennent maintenant à l’esprit. Et de nouveaux défis à relever ! Heureusement, avant tout cela, on retrouve la famille et les amis, et ça fait vraiment chaud au cœur.

Avant ce voyage, j’avais organisé ma vie pour tenter d’éviter le moindre souci. Une vie bien réglée, où tout était compartimenté, laissant peu de place à l’imprévu. En mer, j’ai commencé à apprivoiser la peur de l’inconnu : on ne sait pas avec certitude de quoi sera fait le jour d’après. Je  suis sortie de ma zone de confort. Je crois aussi avoir ouvert des portes, fait sauter certains verrous.

A terre, j’étais noyée sous des tonnes de listes de choses à faire, à penser, à ne pas oublier… Pour faire quoi ? Mieux m’organiser, optimiser, gagner du temps, et… ajouter de nouvelles choses à faire ! Au final, j’étais épuisée, frustrée : à force de reporter sans cesse certaines tâches, un sentiment d’insatisfaction grandissait en moi de jour en jour. J’étais prise dans un cercle vicieux… Je remplissais ma vie d’activités et de to-do-lists, sans doute pour me sentir exister, peut-être pour éviter de me poser les vraies bonnes questions. En mer, j’ai abandonné toute liste, je n’en n’avais plus besoin pour penser aux choses essentielles. Désormais, je ne veux plus me sentir débordée, je veux ralentir.

Je ne crois pas avoir changé, mais je pense avoir changé mon regard sur certaines choses en prenant de la distance, en mettant les choses en perspective. J’espère que tout cela restera et m’aidera à avancer dans le sens que je souhaite : garder le cap et écouter ma voix intérieure.

23 juin – Arrivée à Port-Leucate

23 juin – Arrivée à Port-Leucate

Voile, Voyage

Ça y est, la boucle est bouclée comme on dit, nous sommes de retour à notre port d’attache, heureux ! Durant ces derniers jours en mer, l’impatience était à son comble ! Et puis dans la nuit du 20 au 21 juin, à 1h30 du matin, l’impensable est arrivé : nous sommes entrés en collision avec un autre voilier qui n’avait pas ses feux de navigation… Gros choc, grosse frayeur, Maskali abîmé à l’avant avec la coque trouée sur 20 cm au niveau de la baille à mouillage, et heureusement pas de voie d’eau. Cet épisode nous a un peu gâché l’arrivée, mais bon, c’est réparable. Il va falloir « atterrir » maintenant, mais pour l’instant, c’est la joie des retrouvailles et beaucoup d’émotion !

Interview d’Eléa, 10 ans

Interview d’Eléa, 10 ans

Loisirs, Voyage
  • Qu’est-ce que tu as préféré dans le voyage ?

C’est difficile à dire, on a fait tellement de choses ! Je réfléchis… Quand je joue avec Maya ou les enfants des autres équipages. Voir des cétacés, prendre des photos, conduire l’annexe, cuisiner, me baigner, ramasser des coquillages et des oursins (dollars ou normaux).

  • Est-ce que tu aimes le bateau Maskali ?

Oui, même si j’aurais préféré qu’il soit plus grand. On est cinq à bord et on a un des plus petits bateaux du rallye !

  • Est-ce que tu t’es ennuyée pendant les traversées ?

Parfois, mais je trouvais toujours quelque chose à faire : des Lego, dessiner, cuisiner, écrire des chansons…

  • Quel endroit as-tu préféré ? et pourquoi ?

Je sais vraiment pas… les Canaries avec la fête populaire à Lanzarote et la fête foraine. Madère aussi c’était très bien, il y avait des piscines, on a fait des randonnées. Sinon, aux Antilles, c’est là où j’ai trouvé tous mes coquillages. Antigua, là ou j’ai fêté mon anniversaire. Bequia, où l’on a passé Noël. Et aussi, les Turks et Caïcos : c’est l’endroit où j’ai trouvé vraiment plein de tests d’oursins dollars.

  • Quelle est ton activité favorite durant le voyage ?

Prendre des photos, j’adore !

  • Quelle est l’île dont tu te souviens le plus ?

Madère et la Graciosa.

  • Est-ce que tu aimes pêcher ?

Oui ! Tout le monde aime pêcher. J’aime surtout quand après on fait des sushis et makis !

  • Qu’est-ce que tu n’as pas aimé ?

Faire le CNED. J’ai toujours envie de faire autre chose, alors qu’à l’école, je n’ai rien d’autre à faire que de travailler. Et quand j’ai le mal de mer : il y a un jour où j’ai vomi 14 fois !

  • Qu’est-ce que tu voudrais faire en rentrant à Toulouse ?

Jouer avec mes lego, lire les livres que je vais retrouver, et refaire mon puzzle panda.

  • Est-ce que tu voudrais repartir sur Maskali ?

Oui, parce que maintenant je suis moins malade qu’au départ.

  • Qu’est-ce qui est pour toi le plus embêtant à bord ?

Quand en mer on ne voit pas d’animaux marins.

  • Quels sont les moments les plus agréables ?

Quand je me baigne, quand on voit des cétacés, et quand maman cuisine de bons plats.

  • Qu’est-ce que tu voudrais dire à tes copains et copines d’école ?

Je suis contente de les retrouver. Je voudrais savoir s’ils ont reçu mes cartes postales.

  • Quel est ton meilleur souvenir ?

Quand j’ai vu un cachalot faire un saut spectaculaire à Faial. Et quand j’ai trouvé des oursins dollars au mouillage, aux Turks et Caïcos.

  • Quel est ton pire souvenir ?

Quand j’étais malade toute une journée.

  • Quelle était ta participation sur le bateau ?

J’ai barrée de temps en temps et je m’occupe de Maëlle.

  • Est-ce que tu as eu peur parfois ?

Oui, à chaque manœuvre, quand on est au port, qu’on jette l’ancre, qu’on prend une bouée, et quand on s’occupe des voiles. J’ai peur que le bateau coule ou se renverse.

  • Est-ce que tu as fait un carnet de voyage ?

Oui, mais il n’est pas tout à fait à jour pour l’instant !

  • Est-ce que tu as un rêve né durant ce voyage ?

Oui, observer tous les cétacés du monde et les prendre en photo.

  • Et si c’était à refaire ?

Oui, mais sans le CNED ! Et aussi aller aux endroits où l’on n’a pas pu aller : Cuba et Lisbonne.

Interview de Maëlle, 4 ans

Interview de Maëlle, 4 ans

Loisirs, Voyage
  • Qu’est-ce que tu as préféré dans le voyage ?

Les dauphins et les baleines.

  • Est-ce que tu aimes le bateau Maskali ?

Oui, parce qu’il est beau et il est pas encore abîmé.

  • Est-ce que tu t’es ennuyée pendant les traversées ?

Oui, parce que je savais pas quoi faire et que des fois personne ne voulait jouer avec moi.

  • Quel endroit as-tu préféré ?

Le restaurant et les aires de jeux.

  • Quelle est ton activité favorite durant le voyage ?

La randonnée et faire des dessins. M’amuser dans l’eau, faire des plongeoirs.

  • Quelle est l’île dont tu te souviens le plus ?

Mindelo et Santo Antao.

  • Est-ce que tu aimes pêcher ?

Oui, j’aime le poisson pané que maman me fait avec de la farine.

  • Qu’est-ce que tu n’as pas aimé ?

Que papa me gronde.

  • Qu’est-ce que tu voudrais faire en rentrant à Toulouse ?

L’iPad et un énorme puzzle.

  • Est-ce que tu voudrais repartir sur Maskali ?

Oui, pour voir des dauphins, des baleines, des tortues, des requins, des langoustes et tout ça.

  • Qu’est-ce qui est pour toi le plus embêtant à bord ?

La lumière le soir, ça me dérange pour dormir. Et mettre mon gilet aussi.

  • Quels sont les moments les plus agréables ?

Faire des Lego avec Eléa.

  • Qu’est-ce que tu voudrais dire à tes copains et copines d’école ?

Coucou ! J’ai hâte de vous revoir. J’espère que vous serez là à mon arrivée, sinon je serai très triste.

— Je précise que j’ai retranscrit mot pour mot les propos de Maëlle, sans rien retoucher. —

Réussir son année sabbatique

Réussir son année sabbatique

Loisirs, Voyage

Dans un point presse à Horta, je suis tombée sur ce hors-série de Voiles et Voiliers. Pour nous c’est un peu tard, mais j’ai quand même envie de le lire. Le titre accrocheur me fait sourire, car pour moi une année sabbatique est tout sauf un examen : on ne peut pas la réussir ou la rater, on la vit tout simplement, avec ses grandes joies et ses petits désagréments (ou inversement !). L’enjeu n’est pas tant de réussir que d’oser. C’est facile a posteriori de dire qu’il suffit de le décider et de se lancer… Je suis bien placée pour savoir qu’avant de partir, mille doutes vous assaillent en permanence. Il y aura toujours des sceptiques pour tenter de vous dissuader de partir. Combien de fois n’avons-nous pas entendu : « N’est-ce pas dangereux ? » Pas plus dangereux que de prendre la rocade ou le périphérique tous les jours… si le bateau est bien préparé et si le capitaine maîtrise sa monture, conditions indispensables. Alors à tous les candidats au départ qui hésitent encore, je dirais que ça en vaut dix mille fois la peine. Vous ne regretterez jamais d’avoir tenté l’aventure, mais à l’inverse vous risquez de regretter plus tard de ne pas l’avoir fait quand il était encore temps. Le système français offre aux salariés la chance incroyable de pouvoir prendre un long congé tout en retrouvant son travail à l’arrivée, alors pourquoi ne pas saisir cette opportunité ? Pouvoir s’offrir une parenthèse de liberté au moins une fois dans sa vie est un luxe inouï. Ralentir, prendre le temps de faire ce qui nous plaît, partager du temps avec son conjoint et ses enfants, aller à la rencontre de soi-même aussi… Que ce soit en bateau ou à vélo, que ce soit très loin ou au fond de son jardin, l’expérience sera belle et enrichissante. Il n’y a pas forcément besoin d’aller au bout du monde pour s’évader de son quotidien et faire ce qui nous tient à cœur.

Alors, avons-nous « réussi » notre année sabbatique ? Vous vous doutez que la réponse est : oui. Pour avoir un avis objectif, il faudrait laisser la parole à chacun d’entre nous, mais je vais commencer par parler en mon nom. Si je regarde la liste de mes envies établie il y a quelques mois, je crois que j’ai presque tout réalisé, et bien au-delà. C’est déjà quelque chose d’exceptionnel. J’ai l’impression d’avoir vécu plus intensément durant un an que pendant les quarante années passées, tous les sens exacerbés par la nouveauté, la force et la beauté de la nature, les éléments bruts, les rencontres. J’étais comme traversée par une urgence à vivre, pleinement, au présent, à saisir au vol les moments de bonheur. Mais il m’aura fallu du temps pour arriver à lâcher-prise, beaucoup de temps, et ce n’est pas acquis à jamais pour moi, j’ai encore du chemin à faire… Les quelques instants de grâce glanés de-ci delà sont précieux. Je n’avais pas lu autant de livres depuis très longtemps, un vrai bonheur ! Si je n’ai pas réussi à dessiner comme je l’espérais ni à faire le carnet de voyage dont je rêvais, la photographie et l’écriture du blog ont été une vraie révélation. Le blog, c’est finalement lui mon carnet de route. Il a également été un lien très fort avec vous, lecteurs, un lien avec la Terre alors que nous étions loin, si loin… Je ne compte pas les longues soirées et les nuits écourtées pour trier les photos, écrire puis mettre en ligne mes articles… avec au bout, le plaisir immense de lire vos commentaires. Nul doute que votre enthousiasme et vous encouragements ont été pour beaucoup dans la réalisation de ce blog. Un grand merci à vous pour tout cela.

Du côté des filles, je les ai vu grandir et se métamorphoser, et ç a c’est une chance incroyable. Plus de liberté et d’autonomie leur ont donné des ailes, chacune à leur manière. Si les chamailleries font toujours partie du quotidien, une vraie complicité s’est nouée entre elles, je dirais même une certaine forme de solidarité durant les longues traversées. Elles ont eu du temps pour lire, écrire leur carnet de voyage, dessiner, faire des activités manuelles, collectionner des coquillages, observer la nature… L’ennui parfois a joué également un rôle positif, celui de développer leur imaginaire, en inventant des jeux et des activités. Elles n’ont jamais été malades (excepté trois pics de fièvre pour Maëlle, sans doute dus à des pics de croissance). Mathilde, d’un naturel flegmatique et contemplatif, s’est laissée porter sans être trop bousculée je crois ; elle est sortie peu à peu de sa chrysalide et s’est transformée en jeune fille. C’est dommage par contre qu’elle ait trouvé peu d’amies de son âge parmi les autres équipages. Eléa s’est découvert une vraie passion pour la photographie et l’observation des cétacés ; qui sait, peut-être la naissance d’une vocation ? Maëlle m’étonne tous les jours par ses facultés d’adaptation au milieu marin et la façon dont elle s’approprie le jargon maritime. Elle a développé un sens de l’observation très fin de son environnement et de la nature qui l’entoure. Elle est animée d’une grande curiosité.

Des points négatifs il y en a eu aussi, il ne faut pas les occulter, mais la balance penche nettement  du côté positif. Nous aimons cette vie simple, sans artifice, où l’on se recentre sur l’essentiel. Une vie bien moins compliquée que celle des terriens, faite de règles à suivre, d’interdits, de pressions et d’obligations. Coupés de l’actualité, nous ne sommes plus noyés sous un flot continu d’informations, et c’est très reposant pour l’esprit. Nous ne subissons plus de sollicitations commerciales perpétuelles. Nous aimons cette vie plus proche de la nature, plus saine, sans horaires imposés, moins contraignante. La contrepartie, c’est un confort moindre, c’est la nécessité d’être débrouillard, de faire tout par soi-même (tour à tour maman, enseignante, boulangère, cuisinière, lavandière, infirmière, équipière…), mais cela apporte aussi de grandes satisfactions. Le voilier reste un des moyens de transport le plus économique et écologique pour voyager loin. Nous aimons cette vie ponctuée de rencontres. La voile a ceci de particulier qu’elle lève les barrières sociales ; en mer on est tous logés à la même enseigne. La passion commune pour la voile ou le voyage facilite les échanges. Les enfants ont aussi cette faculté de rompre la glace très vite, ils comprennent d’emblée qu’il faut profiter du moment présent, car ces rencontres peuvent être très brèves. La vie en bateau est faite de séparations puis de retrouvailles avec les « bateaux-copains » ! Nous aimons cette vie de nomade, aller de découvertes en découvertes, toujours prêts à lever l’ancre vers de nouveaux horizons. Je finirai sur cette citation de Nicolas Bouvier : « La vérité, c’est qu’on ne sait pas comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon. Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait. »

Maintenant que nous y avons goûté, cela sera difficile de s’arrêter. Un rêve accompli ouvre la voie vers d’autres rêves… Un jour, on repartira.

L’école est finie !

L’école est finie !

École, Voyage

Depuis que nous avons posté les dernières évaluations du CNED (Centre national d’enseignement à distance), les filles sont officiellement en vacances, et nous, parents, également ! Je sais que cela va vous faire sourire, tant notre périple ressemblait à de longues vacances ; et pourtant, interrogez les filles et elles vous diront que c’était bien fastidieux de faire l’école sur le bateau. Nous avons opté pour le CNED « en classe complète à inscription réglementée », ce qui équivaut à une année scolaire classique avec l’aval de l’inspecteur d’Académie avant le départ et des évaluations à rendre tous les mois. Autant dire que nous avons mis la barre assez haute. Dans mon entourage, avant de partir, certains m’ont conseillé de faire l’école buissonnière, mais je n’arrivais pas à assumer ce choix et prendre le risque de les mettre en difficulté scolaire à notre retour. Je ne me sentais pas capable non plus d’assurer toute seule l’instruction des filles sans support, surtout pour le collège. En rencontrant différents équipages, certains ont fait d’autres choix : le CNED en inscription libre, les cours proposés par l’Académie en ligne, des manuels conseillés par des enseignants, des méthodes personnelles… Quelle que soit la solution choisie, il y a consensus sur le fait que faire l’école en mer, c’est souvent la galère ! Pour les parents comme pour les enfants. Certains ont abandonné le CNED en cours de route, d’autres ont même abrégé leur voyage pour rescolariser leurs enfants. Quelles sont donc les raisons de ces difficultés ? Pour les enfants, congés sabbatiques riment avec grandes vacances, or nous ne sommes pas en vacances mais en voyage, nuance ! Un voyage avec instruction incluse. Mais quand on a la mer, la plage et les cocotiers sous le nez, c’est difficile de se motiver à travailler. Difficile également d’imposer un rythme de travail régulier. Chez nous c’est en général 2 à 3 h de travail tous les matins, samedi et dimanche compris. Mais il y a forcément des exceptions : les jours d’excursions à terre, les jours où la mer est trop agitée, les jours où elles ont le mal de mer… et patatras, le rythme qu’on avait instauré vacille et ensuite c’est encore plus dur de s’y remettre. Ce qui a pêché à bord, c’est vraiment la motivation : se mettre au travail et rester concentré alors qu’il y a tant d’autres tentations.

Avant de partir, je me faisais une joie d’endosser le rôle d’enseignante, même si je me doutais bien que ça ne serait pas rose tous les jours. Mes filles sont studieuses et n’ont pas eu de difficultés scolaires jusqu’à présent, donc je ne pensais pas me heurter à de réelles difficultés. Imprégnée des pédagogies Montessori, Freinet ou autre, je me disais naïvement que ce voyage serait en même temps l’occasion d’apprendre différemment, d’appréhender concrètement certaines notions « sur le terrain » (et ce fut le cas ponctuellement). Force est de reconnaître que la réalité fut très loin de cette image idéale, et que je suis une piètre pédagogue, manquant de patience, trop exigeante… Même avec la meilleure volonté du monde, la pédagogie ne s’improvise pas ! Au passage, je tire mon chapeau à tous les enseignants de la terre. Au départ, j’ai essayé de mettre une distance en expliquant aux enfants que je mettais ma casquette d’enseignante, mais ça n’a pas fonctionné, je restais toujours et avant tout « maman ». Et on ne se comporte évidemment pas de la même manière avec sa maman (ou son papa) qu’avec  sa maîtresse ou son prof. Certains jours, j’étais confrontée à un mur : « Non, je ne veux pas faire le CNED ! » ou bien à une mauvaise foi flagrante, et un manque d’enthousiasme désarmant…  Difficile alors de garder un calme olympien ! Clairement, il leur manquait aussi les copains et les copines, l’émulation de la classe. Beaucoup d’équipages ont rencontré les mêmes difficultés (c’est tout de même rassurant !) mais c’est vraiment dommage que les rapports parents-enfants soient si conflictuels dès qu’il s’agit de faire l’école. Je comprends pourquoi Géraldine Danon et Philippe Poupon ont choisi d’avoir un précepteur à bord de Fleur Australe.

Que dire du CNED en lui-même ? Les cours sont globalement bien faits quoique assez ardus ; les fascicules ressemblent à de gros cahiers de vacances (pour le CM1 surtout) bien pensés pour un travail en autonomie, mais peu adaptés à un programme de navigation et de voyage. Pour le collège les cours sont trop denses, il faudrait un cursus allégé qui va à l’essentiel, mais je suppose que les voyageurs ne représentent qu’un faible pourcentage des usagers du CNED. La première difficulté est d’acquérir les fameux fascicules  (de plusieurs kilos tout de même !) qui ne sont prêts généralement qu’en septembre, alors que la plupart des navigateurs ont déjà quitté la terre ferme. Il faut obligatoirement une personne relais en France qui récupère les colis et les renvoie, mais où ? Au passage, merci à maman de s’être attelée à cette tâche ! Rappelez-vous notre premier colis bloqué à la douane à Madrid, arrivé de justesse aux Canaries…. Sans compter qu’il y a plusieurs envois (2 à 3 colis) dans l’année. De fait, le temps de tout recevoir, les enfants commencent en retard et ça met déjà une pression inutile. La deuxième difficulté est de pouvoir se connecter à Internet. Dans les nouveaux programmes de CM1, il y a beaucoup de cours et d’exercices en ligne que nous avons dû « zapper », faute de connexion permanente et de Wi-fi. La 3e difficulté est le calendrier des évaluations, que nous n’avons jamais réussi à respecter d’ailleurs ! Lorsque la date fatidique approche, la pression monte. Au début je scannais les devoirs puis envoyait les fichiers à corriger en ligne pour essayer de gagner du temps. Mais je me suis arraché les cheveux plus d’une fois avec un Wi-fi trop lent, le site du CNED qui rame, les fichiers qui plantent en milieu de téléchargement… J’ai ensuite envoyé les copies par voie postale, croisant les doigts pour que l’enveloppe arrive à destination. Bon an, mal an, les filles ont quand même « fait leur CNED » tout au long de l’année et obtenu de très bons résultats. Je serais bien en peine de conseiller telle ou telle solution à tous les candidats au voyage ; juste de s’armer de patience et de rester zen…

Heureusement, durant notre voyage l’instruction ne s’est pas limitée aux cours du CNED. Nos visites culturelles ont été très enrichissantes, parfois avec des guides hauts en couleurs et très sympathiques. Quand les notions théoriques se joignent à la réalité du terrain, c’est fantastique, tout devient plus clair et vivant. Par exemple au programme de 4e Mathilde a étudié les volcans en SVT, le commerce triangulaire, la colonisation et la fin de l’esclavagisme en histoire, ainsi que les flux maritimes, la surpêche et la mondialisation en géographie (en passant à Gibraltar, on comprend aisément de quoi il s’agit !). Bref, des sujets qui coïncidaient parfaitement à notre périple ! Nos différentes escales dans les îles lui ont sans doute permis d’appréhender tout cela de manière plus pragmatique. Comme dit le dicton, « les voyages forment la jeunesse » : les filles ont appris bien des choses au-delà des matières scolaires, des choses non quantifiables, et elles ont développé d’autres compétences. Nous espérons avoir semé dans leur esprit quelques graines qui, à l’âge adulte, porteront leurs fruits.

6 au 16 juin – des Açores à l’Espagne via Gibraltar

6 au 16 juin – des Açores à l’Espagne via Gibraltar

Voile, Voyage

Après 10 jours de navigation intenses, nous voici arrivés sur le continent. Nous sommes à la Marina del Este, petit port tranquille où nous avions déjà passé une nuit en août dernier, sur la route de départ. Entre temps, nous avons parcouru plus de 10000 milles ! Ça nous fait tout drôle de nous retrouver là !

6 juin : nous quittons Sao Miguel le cœur lourd. Nous avons presque envie d’y laisser le bateau pour  y passer plus de temps et être sûrs de revenir l’année prochaine ! D’ailleurs, Sao Miguel nous retient elle aussi à elle : en quittant le port, nous oublions de larguer une amarre… acte manqué sans doute ! Heureusement nos voisins de ponton sont là et viennent nous détacher ! Cap vers Gibraltar. Les quatre premiers jours en mer sont assez agréables, il y a peu de vent mais nous avançons quand même à la voile, sous spi ou génois tangonné. Puis panne de vent. Puis beaucoup de vent, trop de vent (30 nœuds), avec une mer formée, ce qui fait qu’on n’avance pas plus vite pour autant. Cela dure deux jours assez fatigants et ensuite le pilote automatique nous lâche dans la nuit ! Il faut attendre le lever du jour pour voir d’où vient la panne. Prévoyant, Sébastien a la pièce de rechange à bord et réussit à réparer le pilote en 2 h. Ensuite c’est la pompe à refroidissement du moteur qui se désamorce à cause de la houle, puis le désalinisateur qui ne daigne plus couler… Bref, pas de répits pour Sébastien qui réussit à tout réparer. Plus nous approchons de Gibraltar, plus la route est fréquentée par des mastodontes : porte-conteneurs, pétroliers… il faut donc redoubler de vigilance, en particulier la nuit, pour éviter tout risque de collision. Les détecteurs radar et AIS fonctionnent bien et nous donnent également l’alerte, mais j’avoue que ces sonneries stridentes et répétées me hérissent ! Le 14 juin, nous entamons le passage du détroit dans la nuit. Durant mon quart, un bateau de pêche me fait peur en s’approchant un peu trop près de nous. Les deux pêcheurs à bord vocifèrent je ne sais quoi en espagnol, je dois les gêner sans doute… heureusement on ne prend pas de casier ou de filet dérivant, c’est ma hantise. Au matin, Sébastien et Eléa ont la chance de voir deux orques à quelques mètres du bateau ! Puis nous passons devant Tarifa, et à partir de là les courants nous portent, le bateau file à 7 nœuds ! Nous avons eu de la chance au niveau du timing, et Seb avait bien étudié la chose aussi pour ne pas nous retrouver coincés par les courants comme à l’aller. Nous arrivons à Gibraltar le 15 juin vers 13 h. Courte halte juste le temps de faire le plein de gazoil et d’eau et nous repartons vers l’Espagne. Le vent est complètement tombé, nous avançons sur une mer d’huile en compagnie de nombreux dauphins, c’est fantastique ! Même durant la nuit nous les voyons sauter à côté du bateau au clair de lune. Je savoure ces moments. L’accueil à la Marina del Este est toujours aussi sympathique. Nos apprécions tout particulièrement les douches chaudes ! On se dépêche car la Poste ferme à 14h30 ici et nous devons impérativement envoyer les dernières évaluations des filles au CNED… Mission accomplie ! Ça mérite bien un petit resto, ça !

Gibraltar
La mondialisation, ça pollue !
Gibraltar
Europa point.
Gibraltar dauphins
Dauphins communs jouant à l’étrave, on ne s’en lasse pas !
Gibraltar
Mastodonte en acier.
Costa del Sol
Coucher de soleil sur la Costa del Sol.
Marina del Este
La quiétude de la Marina del Este après 10 jours de mer.
Horta, port mythique

Horta, port mythique

Loisirs, Voile, Voyage

La marina d’Horta n’est pas bien grande au regard des centaines de bateaux qui y font escale. Faute de place suffisante, les voiliers doivent se mettre à couple le long du quai d’accueil, c’est-à-dire amarrés les uns aux autres, en attendant une hypothétique place. Pour aller et venir à terre, il faut donc enjamber les bastingages et passer chez son voisin… Mais tout cela se fait dans la bonne humeur. On a eu de la chance, au bout de 3 jours le responsable de la marina nous a trouvé un emplacement sur un catway (grâce aux filles il faut le dire, les jeunes enfants étant prioritaires). On adore l’ambiance de ce port, on s’arrête tous les 10 mètres pour saluer quelqu’un, échanger sur la traversée, les réparations en cours, les prochains départs… Il y a dans l’air quelque chose de spécial, des regards complices et des sourires qui en disent long. Le souffle des gens heureux d’avoir accompli leur rêve, tout simplement.

Horta
Les pontons remplis de voiliers et les quais recouverts de peintures.
Horta
La digue, un extraordinaire musée en plein air.
Horta
Pico, en face de Faial, nous dévoile son sommet.
Horta
Une très belle demeure transformée en resto.
Horta
Sur les trottoirs, des cailloux blancs et noirs dessinent de jolis motifs figuratifs ou géométriques.
Horta
Porto Pim
Horta
Faial est une île volcanique.
Horta
Au musée du Scrimshaw, des dents de cachalots gravées par les marins des baleiniers.