Pas question de quitter Horta sans faire une peinture sur le quai de la marina ! C’est la tradition ici : chaque équipage laisse une trace de son passage. Ainsi, Horta est devenue une galerie à ciel ouvert, chargée d’émotions, porteuse de tant de rêves. Pontons, jetées, murs, bancs ou pavés : tous les supports sont bons pour accueillir une peinture. Ces œuvres sont éphémères, les peintures les plus anciennes se décolorent puis s’effacent sous l’effet de la pluie et des pas des promeneurs, et de nouvelles viennent les recouvrir. Je suis admirative de la diversité de ces fresques, des plus naïves aux plus sophistiquées. Chaque fois que nous passons sur un quai, notre regard se porte sur un dessin différent. Nous retrouvons avec grand plaisir les peintures de bateaux que nous connaissons : Griounou, Peer Gynt et même Yallingup ! Nous commençons par choisir notre emplacement, sur le quai principal, pas très loin du bateau. Pour le motif, je ne me pose pas trop de questions : ce sera celui du tampon de Maskali, créé par La Fabutineuse, reproduit ici à grande échelle (avec quelques problèmes de proportions !). Après avoir écumé tous les magasins de peinture du coin, impossible de trouver la couleur exacte « baie des Bermudes » ! Reste à trouver une éclaircie et peindre entre deux averses… mais en 2 jours c’est fini !
Première étape : deux couches de blanc, puis le crayonné du motif.Eléa, Mathilde et moi peignons toutes les trois, sous les encouragements des promeneurs et des autres équipages qui cherchent l’inspiration.Dernière ligne droite : nos prénoms.La touche finale de Maëlle avec l’empreinte de sa main.Et voilà le résultat !Nous faisons désormais partis du décor, mais pour combien de temps ?Clin d’oeil pour Catherine de Tipaco : Yallingup est toujours là !D’autres peintures sur la jetée…OniriqueMention spéciale pour ces visages.Très beau poème.Certains ont un talent indéniable !Parfois, c’est l’accident !« La Loupiote », un voilier qui a fait escale en même temps que nous.
La marina d’Horta n’est pas bien grande au regard des centaines de bateaux qui y font escale. Faute de place suffisante, les voiliers doivent se mettre à couple le long du quai d’accueil, c’est-à-dire amarrés les uns aux autres, en attendant une hypothétique place. Pour aller et venir à terre, il faut donc enjamber les bastingages et passer chez son voisin… Mais tout cela se fait dans la bonne humeur. On a eu de la chance, au bout de 3 jours le responsable de la marina nous a trouvé un emplacement sur un catway (grâce aux filles il faut le dire, les jeunes enfants étant prioritaires). On adore l’ambiance de ce port, on s’arrête tous les 10 mètres pour saluer quelqu’un, échanger sur la traversée, les réparations en cours, les prochains départs… Il y a dans l’air quelque chose de spécial, des regards complices et des sourires qui en disent long. Le souffle des gens heureux d’avoir accompli leur rêve, tout simplement.
Les pontons remplis de voiliers et les quais recouverts de peintures.La digue, un extraordinaire musée en plein air.Pico, en face de Faial, nous dévoile son sommet.Une très belle demeure transformée en resto.Sur les trottoirs, des cailloux blancs et noirs dessinent de jolis motifs figuratifs ou géométriques.Porto PimFaial est une île volcanique.Au musée du Scrimshaw, des dents de cachalots gravées par les marins des baleiniers.
On en a rêvé de ce café en faisant nos quarts sous la pluie durant la traversée… et c’est également sous la pluie que nous allons prendre un verre (et même déjeuner) au Café sport, l’un des bars les plus connus des marins. Tous les navigateurs ayant traversé l’Atlantique à la voile se retrouvent un jour ici, des skippers les plus célèbres aux anonymes comme nous. Depuis sa création en 1918, il en a vu passer des marins de tout poil, et ses murs ont entendu de sacrées histoires ! La spécialité « Chez Peter » – le surnom du fondateur, c’est désormais son fils qui a repris le flambeau – c’est le Gin tonic ou le Gin do mar, avec un soupçon de fruit de la passion. Alors, nous trinquons à votre santé !
Comme un rite, nous rejoignons le cercle des marins au long cours !Tables en bois, pavillons décolorés et dents de cachalots gravées : voilà le décor du Café sport.L’enseigne du Café sport, un cachalot entouré d’un cordage, se décline un peu partout…Le cachalot était encore chassé à Faial à la fin des années 80.
Nous sommes bien arrivés à Horta, après 17 jours de mer. Retour sur cette belle traversée… Lundi 8 mai nous récupérons notre génois en fin de matinée, bien recousu. Sébastien a aidé le couturier chez le maître voilier pour finir. L’après-midi nous finissons de préparer le bateau et allons à la douane faire la « clearance out » et payer le port. Au passage nous achetons deux jerricans de gazoil supplémentaires, au cas où. Nous larguons les amarres peu avant 18 h, et assistons à un magnifique coucher de soleil. La météo avait prévu zéro vent, mais il y a finalement une petite brise qui nous permet d’avancer à la voile. La première nuit se passe très bien, même si je lutte pour rester éveillée durant mon quart, de 2 h à 5 h. La pleine lune m’accompagne. Notre escale aux Bermudes s’est avérée bien agréable (après notre déconvenue avec la douane en arrivant !) et ce n’est pas facile de reprendre le large, ça a cassé le rythme. Je sais que nous allons être de nouveau vaseux et léthargiques durant 2 ou 3 jours, le temps de nous réamariner. Au matin, vers 9 h, un groupe de dauphins s’approchent du bateau et restent jouer à l’étrave. Quelle fête ! Nous les attendions avec impatience ! Le peu de vent retombe, il faut mettre le moteur. Il y a une houle large qui fait tanguer le bateau, c’est assez inconfortable. Les jours passent et se ressemblent, une routine s’installe avec nos quarts. Toutefois, chaque journée est différente selon le vent et la mer, et influe sur notre comportement, nos émotions. Nous sommes à la merci de ces deux éléments. Ciel dégagé, mer calme et brise régulière : c’est la sérénité ; Maskali file et nous sommes confiants. Des nuages sombres, des grains qui se profilent à l’horizon, et nous sommes sur nos gardes : il faut surveiller l’anémomètre et réduire la voilure pour ne rien casser. La météo est à la fois notre alliée et notre ennemie. Le 5e jour, nous devons passer deux fronts de perturbation successifs. Durant la nuit l’anémomètre s’affole, il y a des rafales jusqu’à 43 nœuds. On prend de la pluie et des paquets de mer dans la figure. Sébastien est toujours sur le pont, sur le qui-vive, il veille. Là, nous nous sentons plus vulnérables : nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes et sur Maskali, si vaillant, qui affronte les vagues sans sourciller. C’est notre bulle, notre refuge, notre cocon qui nous protège des assauts de la mer et du vent. Retour au calme, sérénité retrouvée, le plus dur est passé : le soleil pointe son nez et réchauffe nos habits trempés et nos corps éprouvés. Vivre en mer, c’est s’adapter à tout cela, c’est être en osmose avec la nature, belle, sauvage, imprévisible. C’est se couler dans le rythme du soleil et de la lune. Même la plus belle des photographies ne traduira jamais l’intensité d’un lever de soleil à l’horizon, quand les nuages s’embrasent, quand la mer se pare de reflets dorés, quand le ciel se zèbre de rose, de violet et d’orangé, jusqu’à ce que l’astre fasse son apparition et éclaire le ciel de ses rayons. Voir se lever et se coucher la lune est également une expérience inoubliable. Et que dire de la voûte céleste, de ses milliers d’étoiles qui semblent veiller sur nous ? La mer est changeante, tour à tour impétueuse, fougueuse, alanguie… Elle nous apprend l’humilité. Au fil des jours, l’air devient plus vif et le froid se fait sentir. La nuit nous superposons les couches de vêtements : tee-shirt ou sous-pull, pull, polaire, leggins, pantalon et veste de quart, bottes, sans oublier l’écharpe et le bonnet. Et par-dessus tout cela, le gilet de sauvetage. Quel attirail ! Même la journée, nous restons souvent emmitouflés. A l’intérieur du bateau, tout devient humide. A partir du 10e jour, nous voyons beaucoup de dauphins, presque tous les jours et même plusieurs fois par jour. Parfois juste de passage, d’autres fois joueurs, ils nous accompagnent un moment, nous offrant quelques sauts spectaculaires. Nous avons également eu la chance d’apercevoir d’autres mammifères marins : un cachalot à deux reprises (dos et souffle), une baleine à 20 mètres de Maskali avec un plongeon nous laissant voir sa queue, et même deux dauphins de Risso nageant à la surface. Nous avons aussi croisé deux tortues et des oiseaux, même très loin de toute côte. Mais nos principaux compagnons de route sont des petites méduses appelées argonautes ; dans le jargon marin, on les appelle aussi « caravelles portugaises » car elles sont munies d’une petite voile rose et bleutée, translucide, qui leur permet de se déplacer sur l’eau. Côté pêche par contre, c’est le néant, pas une seule touche ! Au départ et durant plusieurs jours la mer était couverte d’algues qui se prenaient dans l’hameçon, et ensuite, rien de rien. Nous croiserons plusieurs bateaux, dont un catamaran à 80 milles de l’arrivée. 20 avril : nous pensions être proches de l’arrivée à cette date, Muriel aurait dû prendre son avion retour… mais Faial est encore très loin. Pour éviter le mauvais temps nous avons fait route vers le sud, ce qui fait des milles supplémentaires. Et notre vitesse de croisière dépasse rarement 5 nœuds. De nouveaux fronts de perturbation sont prévus. 2 3 avril : nous avons passé les fronts ; c’était costaud mais le soleil est de retour. 25 avril : à midi il nous reste 50 milles à parcourir, on risque d’arriver à la nuit. Deux heures après, les côtes des Açores se dessinent dans la brume, enfin la terre ! Au coucher du soleil, le Pico, volcan de l’île voisine de Faial, se dresse fièrement entre les nuages. La nuit commence à tomber et des dauphins viennent encore jouer à l’étrave. Nous nous préparons à arriver de nuit au port d’Horta. Des centaines de petits points lumineux comme des guirlandes accrochées sur la terre, les façades blanches des églises, nous y sommes ! Juste avant d’entrer dans le port, lorsque nous affalons la grand voile, le hale bas rigide lâche : il fallait bien qu’on ait un pépin au dernier moment ! Encore une réparation à prévoir. Le gardien de nuit de la marina nous fait des signes avec sa lampe : nous nous amarrons à couple de deux autres bateaux au quai d’accueil. Il est 23 h. Ca y est, nous avons gagné nos jalons de navigateurs au long cours, nous avons traversé deux fois l’Atlantique à la voile. Et ça se fête : nous ouvrons une bouteille de champagne en cherchant un vol retour pour Muriel. Pour la première fois, j’ai le sentiment d’avoir accompli quelque chose de grand, de beau, d’essentiel. Une chose qui, à priori, ne m’était pas destinée. Je le dis en toute modestie, moi qui n’ai pas vraiment le profil d’une navigatrice : pas sportive, un peu timorée, pas spécialement l’aventure chevillée au corps. Mais j’ai réussi, NOUS avons réussi car bien évidemment nous avons accompli cela tous les six et n’aurions pas pu le faire sans l’aide des uns et des autres. Chapeau bas au capitaine bien sûr, qui a assuré, à Muriel ma grande sœur, une équipière hors pair, et à mes trois filles chéries qui ont fait leurs cours et se sont armées de patience. C’est une expérience à part, unique, inoubliable, et une aventure intérieure dont on ressort grandis.
Nos amis les dauphins !Les « caravelles portugaises » nous accompagnent durant toute la traversée.Muriel à la barre.Lever de soleil sur l’Atlantique.Un grain qui arrive sur nous à grande vitesse.
Nous n’avions pas prévu de nous arrêter aux Bermudes, mais un avis de coup de vent s’annonçait alors nous avons préféré jouer la carte de la prudence et faire une halte en attendant le retour au calme. Par ailleurs, le génois s’étant décousu durant la navigation, cela nous permet de le faire réparer chez un voilier. Notre traversée Bahamas – Bermudes s’est déroulée sans encombre et l’équipage au top, à peine deux petits vomis pour Eléa et Maëlle ! Muriel s’est amarinée très vite. Après 7 jours de navigation, nous arrivons au petit matin aux Bermudes. Passage obligé à l’immigration et à la douane, il y a un quai d’accueil prévu pour cela devant leurs bureaux. L’agent est plutôt sympathique, nous remplissons nos dix formulaires comme d’habitude et réglons les frais d’entrée, tout est en ordre. En plus, par chance nous rencontrons la gérante des marinas, toutes archicombles, mais quand nous lui disons que nous avons trois enfants, elle finit par nous trouver une place en bout de ponton. Alors que nous sommes sur le point de partir, l’agent des douanes nous interpelle et nous soupçonne de fumer des substances illicites : en rentrant dans le bureau, sa chef a trouvé qu’il y avait une odeur de shit et comme nous étions les derniers à y être entrés… Ils veulent vérifier que nous n’en n’avons pas sur le bateau. Je crois rêver, moi qui n’ai jamais rien fumé de ma vie ! Nous faisons monter l’agent à bord qui ne constate rien d’anormal, mais sa chef insiste et nous apprend qu’ils vont faire venir un chien pour vérifier. Nous tombons des nues ! Avons-nous à ce point des têtes de hippies ? Pas lavés, pas rasés, certes… Je commence à prendre peur, va-t-on devoir vider le bateau ? et si c’était un complot pour nous faire payer une amende? et s’ils trouvaient autre chose à redire ? Nous sommes bloqués là, attendant la suite des événements. Le berger allemand finit par arriver avec trois agents gantés qui inspectent le bateau, et ne trouvent rien évidemment. Le premier agent qui s’était occupé de nos papiers nous fait de plates excuses et nous laisse repartir… Excès de zèle ? Nous nous dépêchons d’aller nous amarrer à notre bout de ponton. Passée cette angoissante arrivée, nos découvrons St Georges, une ville charmante avec des maisons coquettes de toutes les couleurs et des jardins fleuris. Nous en profitons pour compléter notre avitaillement en produits frais, fruits et légumes. Et puis il y a toujours des choses à bricoler sur le bateau ! En gros, nous avons fait à peu près un tiers du trajet, il nous reste maintenant les deux tiers pour rejoindre les Açores, soit 1800 milles. Au fait, il se trouve que le site du rallye continue à enregistrer notre position sur la carte, alors si vous avez envie de voir où se trouve Maskali, c’est encore possible ! Départ prévu lundi 8 mai, après avoir récupéré notre génois !
Les fameux bureaux de l’immigration à Ordinance Island, à gauche.Toits blancs, cheminées et maisons colorées, voilà l’architecture bermudienne.
Depuis l’arrivée de ma sœur Muriel à Nassau, nous attendons la bonne fenêtre météo pour partir. Nous avons fait un avitaillement complet, recousu les voiles et même nettoyé la coque, bref, nous sommes fins prêts ! Nous sommes actuellement au mouillage à Spanish Wells, un petit village et port de pêche situé sur un îlot à côté d’Eleuthera aux Bahamas. Cette dernière escale est très agréable, mais j’ai le cœur serré de penser que demain nous quittons ces eaux chaudes et turquoises… Fini la quiétude des lagons, c’est l’Atlantique qui nous attend ! Pour finir en apothéose, quatre dauphins sont venus nous saluer sur la plage où nous sommes allés nous baigner cet après-midi, comme un clin d’œil. Bye bye les Bahamas, le moment est venu pour nous de prendre le chemin du retour. Cap à l’est ! Attendez-vous à un silence radio sur le blog pendant 3 semaines à 1 mois… Mon prochain post sera à l’arrivée à Horta aux Açores. Merci à tous pour vos messages sur le blog, vos mails et vos bons souhaits ; ça nous fait chaud au cœur. Nous vous embrassons bien fort.
Séance de couture sur voiles.Nettoyage de la coque : Eléa et Muriel ont frotté pour enlever les algues et coquillages… cela nous fera peut-être gagner un demi noeud !Maëlle et ses poupées.Un héron à Spanish Wells.A Spanich Wells, les bougainvilliers sont hauts en couleurs !Mathilde et Eléa n’en reviennent pas de la décoration devant cette maison !Dernier bain au paradis…Rencontre inattendue avec des dauphins sur la plage !
Ceux d’entre vous qui ont en tête les étapes de voyage que nous avions prévues avant de partir doivent se demander pourquoi nous avons changé de cap… Rappelez-vous, après Saint-Vincent et les Grenadines, nous devions faire les îles du Venezuela, puis traverser la mer des Caraïbes pour atterrir aux îles Vierges britanniques, aller en République dominicaine puis à Cuba… Pourquoi ces changements ? Durant le rallye, Jimmy Cornell nous a dissuadés d’aller vers le Venezuela, trop risqué à cause d’actes de piraterie et d’agressions très fréquents dans cette zone. Du coup, nous avons opté pour le circuit plus « classique » de l’arc antillais. Nous ne regrettons pas ce choix tant nous avons apprécié toutes ces îles et leurs habitants. Le seul regret, c’est de ne pas pouvoir aller à Cuba, faute de temps…
Aux Bahamas, nous avons parcouru des milles et des milles dans une mer aux variations de bleus incroyables : aigue-marine, turquoise, cyan, céladon… tout un camaïeu qui me ravit ! La particularité aux Bahamas est de naviguer dans des eaux très peu profondes, entre 3 et 5 mètres, et comme le fond est constitué de sable, la mer prend des teintes cristallines. Je pourrais contempler ces couleurs pendant des heures, je les ai dans la peau, dans les yeux, dans le cœur. J’ai si peur d’en oublier les infimes nuances une fois rentrée… A terre, ce sont ces mêmes teintes que l’on retrouve sur les murs des maisons et les enseignes. Aux Exumas nous avons fait plusieurs mouillages, pêché un thon et une dorade coryphène (la 3e !), aperçu des raies et des requins… Notre point d’arrivée est Nassau, la capitale de l’archipel. Changement de décor : on oublie les îlots sauvages, ici on côtoie les yachts et les villas de luxe. Juste en face de la marina, de l’autre côté du pont, c’est Paradise Island, le royaume de la démesure à l’américaine, un autre monde. Nous attendons l’arrivée de ma sœur qui fait la traversée retour avec nous, et préparons le bateau.
George TownLa pose sur le banc aux hippocampes.Mouillage à Hamburger bay (ne me demandez pas d’où vient ce nom, je l’ignore !)Belle pêche : notre dorade fait la taille de Maëlle !Seuls au monde à Compass Cay.En quête de quelques coquillages…Sous l’eau, c’est comme ça !Arrivée à Nassau, avec Paradise Island à droite.
Les Bahamas, elles se méritent ! Partis le 13 au matin de South Caicos, nous pensions arriver le lendemain matin à Mayaguana après une nuit en mer… Au final nous avons atterri 3 jours plus tard à Hog Cay près de Little Exuma ! Nous avons eu du vent du nord, pas de chance justement lorsqu’on veut remonter à la voile vers le nord : vent et mer dans le nez, nous n’avancions pas ; nous avons donc changé de cap en cours de route. Au fil du temps le vent a forci et la mer s’est agitée, et au milieu de la 2e nuit en mer, le pilote nous a lâchés… Seb et moi avons donc dû barrer sans relâche dans une mer assez formée (j’ai encore les muscles des bras qui tirent !). Aux Bahamas on ne peut pas passer où l’on veut, il y a des cailloux partout et peu de fond (ce qui en fait aussi le charme), il faut suivre des passes dans lesquelles le courant peut être assez fort… Lorsque nous approchons de Little Exuma nous sommes soulagés. Il y a 80 centimètre d’eau sous la quille du bateau, nous avançons dans une eau d’un bleu laiteux indicible et un dauphin passe à côté de Maskali, comme pour nous souhaiter la bienvenue ! A Hog Cay nous sommes absolument seuls et côté terre, c’est également désert : juste deux maisons qui semblent fermées et une piste d’atterrissage pour petits coucous. Sous l’eau, pas grand-chose à voir ici : du sable et des trous de crabes, c’est tout ! Une escale de repos bien méritée, et une escale technique également : Seb réussit à réparer le pilote (il avait la pièce de rechange), ainsi que le dessalinisateur qui lui non plus ne daignait plus fonctionner. Nous en profitons également pour faire du rangement à bord, il y en avait grand besoin !
Il nous manquait le drapeau des Bahamas, alors Eléa le dessine aux feutres !Hog Cay, c’est désert !Du bleu à perte de vue.
Nous quittons à regret la République dominicaine, mais le temps passe vite et nous avons encore 210 milles à parcourir pour notre prochaine destination, les îles Turks et Caicos. Après avoir quitté la baie de Samana, Sébastien voit une baleine ! Nous braquons tous nos yeux vers elle et observons son souffle puis trois jolis sauts ! Quelle joie, j’ai enfin vu ma première baleine ! Quelques heures après nous pêchons une dorade coryphène, aussi belle que la première, peut-être même un peu plus grande ! Cette fois-ci, je réussis à la harponner du 2e coup, mais toujours en tremblant… La première nuit, tout va bien, mais la nuit suivante, le temps change : il y a des grains à répétition et nous sommes cernés par les orages. Alors que nous approchons des Turks, nous sommes obligés de faire demi-tour et nous tournons en rond pendant plusieurs heures pour échapper aux orages. Au petit matin, vers 6 h, un grain plus violent que les autres nous oblige à affaler toutes les voiles en vitesse (nous avons peur de les déchirer) : en 2 minutes à peine, l’anémomètre passe de 20 nœuds à 35 nœuds de vent, et le bateau file à 13 nœuds en fuite, ce qui fait 48 nœuds de vent réel ! Nous nous mettons à la cape sèche et attendons que cela passe… Maskali est comme un bouchon qui flotte sur l’eau. Ça gite, ça tangue, et je commence à avoir le mal de mer. Vers 9 h le vent baisse et nous pouvons repartir, mais il nous reste encore beaucoup de milles à parcourir. Je rêvais d’arriver au petit matin sur Big Sand Cays, devant une plage déserte entourée d’eau turquoise (comme Catherine et Fred sur Tipaco il y a 9 ans), c’est loupé… Le vent n’est pas favorable et nous devons aller vers une autre île. Nous arrivons finalement vers 17 h à South Caicos. L’eau est limpide et turquoise, mais pas de plage, et à terre les abords de la marina ne sont pas terribles. Je suis déçue, mais au moins le mouillage est abrité. Nous sommes exténués par cette nuit agitée. Après une bonne nuit de sommeil, j’apprécie quand même ce mouillage tranquille aux eaux cristallines. La matinée est consacrée aux cours, et l’après-midi à la baignade. Les fonds sous-marins recèlent des trésors : quelques coraux, gorgones et poissons, des lambis, mais surtout quantité de tests d’oursins dollars ! Nous passons des heures à plonger et notre collection s’agrandit considérablement !
Notre première baleine !Encore une belle coryphène !Mouillage à South Caicos dans 2 mètres d’eau.Pêche miraculeuse pour Eléa !Les test d’oursins dollars, si fragiles !