22 mars – Arrivée aux Iles Vierges britanniques

22 mars – Arrivée aux Iles Vierges britanniques

Loisirs, Voile

Après une nuit de navigation tranquille, la plupart du temps au moteur car il y a peu de vent, nous arrivons aux Iles Vierges britanniques dans la matinée. Nom de code : BVI (pour British Virgin Islands). Nous mettons le cap sur Peter Island et jetons l’ancre à Deadman bay, où nous devons retrouver Sir Henri IV. Ils arrivent à peine une heure après nous, suivis de Jiyu et de Balanec ! Quel plaisir de retrouver tous ces amis du rallye au mouillage ! Mais les Kirikou manquent cruellement à l’appel… Nous pensons tous à eux avec beaucoup d’émotion. Laurence et Lucas, si vous lisez le blog, on vous fait un énorme bisou ! Peter Island est une île vraiment tranquille qui ne semble pas habitée, il y a juste quelques hôtels luxueux. En marchant un peu, il y a des points de vue splendides sur les îles alentours. Les BVI comptent une soixantaine d’îles ! Les hôteliers ont eu la bonne idée d’installer des fontaines à eau fraîche sur la route pour désaltérer leurs résidents, ainsi que des fauteuils  pour admirer le panorama ! Petits et grands sont heureux de se retrouver pour jouer, faire l’école ensemble, papoter, se promener, pique-niquer sur la plage… Quand on vit en vase clos sur un bateau, ça fait du bien de casser la routine et de rencontrer du monde !

Peter Island
Fauteuils judicieusement installés pour admirer le paysage…
Peter Island
Côte sauvage…
Peter Island
…mais en zoomant, c’est affligeant de voir tous ces déchets en plastiques ramenés par les vagues.
Peter Island
J’ai enfin réussi à photographier un papillon !
Peter Island
Partout, des cactus immenses !
Peter Island
L’eau si limpide appelle à la baignade !
Peter Island
Pique-nique en toute simplicité…
Peter Island
Un oiseau peu farouche… FloFlo, saurais-tu le reconnaître ?
15 au 17 mars – Saint-Barthélemy

15 au 17 mars – Saint-Barthélemy

Loisirs, Voile

Chance ou malchance, nous sommes arrivés à Saint-Barth durant une régate, la Bucket. Du coup, le mouillage de Gustavia était archi comble et la capitainerie débordée… Nous n’avons pas pu faire le plein d’eau et nos 4 gros sacs de linge sale à laver ont été oubliés ! Mais nous avons vu le fleuron des voiliers les plus prestigieux du monde. Pour célébrer l’événement, il y a même eu un feu d’artifice tiré au-dessus du fort Saint-Louis : à bord de Maskali, nous étions aux premières loges pour assister au spectacle ! Saint-Barth est en quelque sorte le Saint-Tropez des Antilles : boutiques de luxe, restos chics… un peu trop huppé pour nous ! Un petit tour à Shell beach : comme son nom l’indique, c’est une plage couverte de coquillages ! Mais nous n’avons pas trouvé la perle rare, LE coquillage d’exception que l’on rêve de dénicher. Par contre nous avons fait une razzia à la très jolie librairie « La case aux livres », tenue par Sarah, une jeune toulousaine, amie de Laurence M. (elle t’envoie le bonjour !). Comme le monde est petit ! J’ai dévoré en 2 jours « Soudain, seuls » d’Isabelle Autissier, très poignant, je vous le recommande ! Au moment de partir, lorsque nous levons l’ancre, nous relevons en même temps la chaîne d’un autre voilier qui s’était installé la veille juste devant nous (et trop près !)… Moment de panique, heureusement Sébastien réussit à enlever la chaîne enroulée autour de notre ancre, sans dommage, sans toucher l’autre bateau, et sans être obligé de plonger ! Ouf, nous sommes contents de quitter Saint-Barth !

Saint-Barthélemy
La rue des boutiques chics !
Saint-Barthélemy
Un des voiliers de la Bucket.
Saint-Barthélemy
Une ancre king size retrouvée dans la baie.
Saint-Barthélemy
Eléa à la recherche du coquillage exceptionnel…
Saint-Barthélemy
La jolie librairie « La case aux livres », tenue par une toulousaine !
Saint-Barthélemy
Feu d’artifice au-dessus du fort Saint-Louis.
11 mars – Arrivée à Barbuda

11 mars – Arrivée à Barbuda

Loisirs, Voile

Traversée express d’Antigua à Barbuda : nous avons parcouru 36 milles en 5 h, Maskali filait à 7-8 nœuds ! Barbuda est une île toute plate, nous la distinguons à peine au large, et puis à 3 milles de l’arrivée se dessine une immense langue de sable au milieu d’une eau turquoise. Nous jetons l’ancre à Low Bay, devant la plage qui s’étend sur plus de 10 km de long. Le plus extraordinaire, c’est qu’il n’y a qu’un seul bateau au mouillage : La Mischief, qui faisait partie du rallye ! Barbuda tant désirée est à la hauteur de l’attente. Cette partie de l’île n’est pas habitée, il n’y a ni resto ni commerce, juste un luxueux resort qui est fermé. Nous apprendrons qu’il est à vendre, mais ce n’est, paraît-il, pas une bonne affaire : construit trop près de la plage, il risque de s’effondrer ! En fin d’après-midi, je vais seule à la nage jusqu’à la plage. Là, c’est l’émerveillement : il n’y a même pas une seule trace de pas dans le sable, juste quelques empreintes d’oiseaux. La plage est complètement déserte et vierge. Quel que soit l’endroit où se pose le regard, c’est sublime : le sable rosé parsemé de minuscules coquillages et coraux, les bois flottés aux lignes tortueuses, les arbustes poussant dans le sable, un colibri qui volette de-ci de-là, le ressac de la mer sur le rivage, Maskali devant le coucher du soleil, et la lune ronde et pleine qui se lève. La lumière est extraordinaire. Puisse cet instant de grâce rester gravé à jamais dans ma mémoire…Barbuda Barbuda Barbuda Barbuda Barbuda Barbuda Barbuda Barbuda

5 février : arrivée à la Dominique

5 février : arrivée à la Dominique

Voile

Dimanche 5 février, nous quittons le mouillage de Saint-Pierre, direction la Dominique ! Très belle navigation, avec juste ce qu’il faut de vent et une mer peu agitée : Maskali fait des pointes à 8,5 nœuds (notre vitesse de croisière est habituellement autour de 5 nœuds). Nous arrivons à Roseau en début d’après-midi et mouillons sur une bouée devant l’ « Anchorage hotel ». Nous décidons de louer les services d’un taxi-bus avec chauffeur et guide pour les 3 jours à venir afin de visiter l’île.

30 et 31 janvier : les Anses d’Arlet

30 et 31 janvier : les Anses d’Arlet

Loisirs, Voile

Ce village a tout pour plaire avec sa jolie plage, sa belle église, ses maisons créoles coquettes, ses pêcheurs et son rocher qui émerge à quelques mètres du bord de l’eau, où l’on ne se lasse pas d’observer les poissons multicolores ! Une vraie carte postale. Tout, excepté peut-être le mouillage décidément trop rouleur, qui nous a valu deux mauvaises nuits. Le coin est également réputé pour ses tortues, mais nous n’en avons pas vu !

Anses d'Arlet
Maison créole avec vue sur la mer.
Anses d'Arlet
L’épicerie où l’on achète des accras à l’heure de l’apéritif !
Anses d'Arlet
Une maison ensoleillée. Admirez la bordure sous le toit !
Anses d'Arlet
Barque de pêche se reposant sur la plage.
Anses d'Arlet
Encore des barques, je ne me lasse jamais de les photographier !
Anses d'Arlet
Maëlle équipée pour la plongée !
Anses d'Arlet
Le « lionfish », très joli poisson mais c’est une espèce invasive qui ne devrait pas avoir sa place ici…
Anses d'Arlet
Tableau artisanal
Anses d'Arlet
Jaune + bleu = un margouillat vert !
Anses d'Arlet
Le cinéma l’Atlas, qui date de 1903 !
Anses d'Arlet
L’église d’Arlet à la tombée de la nuit.
Du 20 au 23 janvier : la côte est de la Martinique

Du 20 au 23 janvier : la côte est de la Martinique

Loisirs, Voile

Nous partons avec Sir Henri IV vers la côte est, réputée plus sauvage et moins touristique. Il y a peu de plaisanciers car les loueurs craignent que leurs bateaux ne se frottent aux récifs. Il nous faut une petite journée de navigation pour contourner le sud de l’île et aller vers le Robert. En quittant Sainte-Anne, nous prenons deux casiers de pêcheurs, le moteur fait un drôle de bruit puis repart, alors nous ne nous inquiétons pas plus que cela. Nous redoublons de vigilance par la suite car ces casiers sont difficiles à apercevoir, ce sont de simples bouteilles en plastique qui flottent entre deux eaux, et il y en a partout ! Nous faisons un premier mouillage dans la Baie du Galion : après avoir jeté l’ancre, en faisant marche arrière le moteur a des ratés, il y a un bout’ pris dans l’hélice (reste du casier que nous avons traîné jusqu’ici). Sébastien est obligé encore une fois de plonger avec sa bouteille pour démêler tout ça. Pas trop de casse heureusement, mais la bague hydrolube de l’hélice a bougé, espérons que ça ne posera pas de problème par la suite. Le lendemain nous jetons l’ancre à la Baie du Trésor, un vrai coup de cœur. Pas facile d’accès car il faut slalomer entre les cayes (les récifs), mais nous ne sommes que trois bateaux au mouillage, devant une jolie plage bordée de mangrove. L’eau est particulièrement calme et d’un bleu-vert extraordinaire, on dirait un lac de montagne ! Ensuite nous nous dirigeons vers le Havre du Robert. C’est le point de départ d’une régate de mini catamarans de sport à laquelle le cousin de Stéphane et sa compagne participent : la « Martinique Cata Raid ». La baie du Robert, de 8 km de long sur 5 km de large, abrite une dizaine d’îlets protégés, où nichent des oiseaux. Un dernier mouillage devant l’îlet Madame, réputé pour ses « fonds blancs » : le fond de sable est très proche de la surface si bien que l’on se baigne dans 50 cm d’eau turquoise ! Les Martiniquais viennent y pique-niquer le dimanche. A la tombée du jour, l’île est désertée et nous sommes tout seuls au mouillage à profiter d’un coucher de soleil splendide. Au retour vers Sainte-Anne, nous pêchons un barracuda (après vérification, c’était peut-être un autre poisson, dommage…), mais nous lui rendons sa liberté pour éviter la Ciguatera (intoxication alimentaire due à une toxine ingérée par les poissons). Nous aurons 3 ou 4 autres belles touches mais qui ont toutes décroché… Pêcheur, c’est vraiment un métier !

Martinique - Loup Garou
Le Loup Garou
Martinique - caye
Gare aux cayes !
Martinique - Baie du Trésor
La Baie du Trésor
Martinique - Baie du trésor
La mangrove
Martinique - Baie du Trésor
L’eau est si translucide qu’on peut photographier les poissons à travers !
Martinique - Robert
Entraînement d’un catamaran de sport au Robert.
Martinique - Robert
L’église Sainte-Rose-de-Lima, patronne de la commune du Robert.
Martinique - îlet Madame
L’îlet Madame
Martinique - crabe
Crabe rentrant dans son trou à l’îlet Madame.
Martinique
Coucher de soleil au Havre du Robert.
Martinique - poisson
Barracuda ou ??? qui a retrouvé la liberté.
La transatlantique – Du 9 novembre au 27 novembre 2016

La transatlantique – Du 9 novembre au 27 novembre 2016

Voile, Voyage

Bien arrivés à la Barbade après 18 jours ! Pour cette looooooongue traversée de 2022 milles, j’ai repris un récit journalier façon carnet de bord. Je vous livre ici mes notes prises chaque jour ; d’ailleurs en me relisant je m’aperçois qu’il y a des choses très personnelles, mais je ne vais pas tricher alors vous trouverez mes émotions à l’état brut, sans fard ni artifice.

Jour 1 (9 novembre) – Les premiers bateaux du rallye quittent le port de Mindelo dès 9 h. Nous sommes tous un peu émus : les « Bon vent ! » et « Bonne route ! » fusent sur les pontons. Nous finissons les rangements et quelques courses, et attendons Jacques et Jacqueline. Ils ont enfin pu récupérer leurs bagages à l’aéroport (au bout de 5 jours !) et nous ramènent le manuel d’Espagnol pour Mathilde ! J’ai un pincement au cœur de quitter Mindelo ; je n’ai pas eu le temps d’aller voir l’expo sur Césaria Evora ni de faire un tour dans les galeries d’artistes locaux. J’aurais aimé flâner encore dans les ruelles, m’étonner devant l’architecture, sourire aux marchandes de bananes et de poissons au coin des rues. Reviendrai-je un jour ici ? Jacques et Jacqueline arrivent : petite séance photos avec nos beaux tee-shirts juste avant le départ, j’y tiens ! A 12h30 nous larguons les amarres. J’essaie de me convaincre que c’est une traversée comme les autres, et advienne que pourra ! A peine sortis de la marina, il y a 25 nœuds de vent, rafales à 30, ça décoiffe ! Le ciel est tout gris et la mer agitée. Je pense à Jacqueline si inquiète et émue sur le quai qui nous souhaitait du bon vent et une belle mer… si elle savait ! La houle nous prend sur le côté et le vent n’est pas bien établi et tourne sans cesse, nous obligeant à faire pas mal de manœuvres, avec parfois de brusques trous d’air. On met le moteur une fois, deux fois, tout va bien. Mais à la troisième fois, il ne « crache » plus. En jargon de marin, cela veut dire que l’eau ne passe plus dans le circuit de refroidissement et ce n’est pas bon du tout ! Sébastien doit encore une fois ouvrir le moteur et réamorcer la pompe, en buvant un peu d’eau de mer au passage… Pendant ce temps-là les filles qui attendaient leurs pâtes sont prises par le mal de mer. 1, 2, 3 malades, puis 4 avec Seb ; je résiste mais j’ai le cœur au bord des lèvres. Chaque fois qu’on reste un moment au port, il faut se réamariner. Puis survient un nouveau problème : la drisse de grand voile lâche. Seb avait refait le nœud avant de partir pourtant, mais parfois le mieux est l’ennemi du bien… Il enrage, il va devoir monter au mât mais il fait déjà nuit, alors il faut remettre ça au lendemain.

Jour 2 (10 novembre) – Dès 8 h Seb monte au mât pour en avoir le cœur net, espérant pouvoir récupérer la drisse. Il y a de la houle et je tremble à la barre en le regardant monter. Pas de chance, l’attache de la drisse est descendue dans le mât, impossible de la récupérer. Que faire ? Demi-tour à Mindelo ? Seb a l’idée de remplacer la balancine, que l’on utilise pas et qui passe dans le mât, par la drisse : et ça marche, la drisse est récupérée et on peut renvoyer la grand voile ! Ouf ! La mer est bien formée et le vent monte. Je n’ose pas demander à Seb la taille des creux, de peur d’impressionner les filles, mais il y a bien 3 à 4 mètres je présume. On prend quelques éclaboussures dans la tête, ça « éclamousse » comme dit Maëlle ! Le bateau bouge beaucoup, c’est vraiment inconfortable. La moindre tâche nous prend un temps infini car il faut tout tenir, tout caler pour ne pas que ça se renverse. On est au ralenti. La nuit se passe sur le même rythme, avec quelques belles déferlantes en prime. Je ne peux pas dire que j’ai peur ou que je ne m’y attendais pas, mais ça démarre fort quand même !

Jour 3 (11 novembre) – Nous avons une pensée pour Nolhan ! Jour férié et week-end prolongé, je me demande ce que vous faites en France ou en Belgique : une ballade en forêt ? un vide-grenier peut-être ? Les filles commencent à être moins malades et peuvent jouer un moment à l’intérieur. Je me sens vidée, j’ai envie de dormir tout le temps.

Jour 4 (12 novembre) – Super nouvelle aujourd’hui, nous recevons un SMS d’Aude et Benjamin sur l’iridium : leur petit Léopold est né ! C’est beau quand même la technologie ! Maskali avance bien mais il y a toujours cette houle qui nous fatigue. Nous avons déjà parcouru 400 milles nautiques. Un mille équivaut à 1,852 km. Chaque jour, Seb inspecte le bateau pour vérifier si tout va bien et traque le moindre bruit suspect. Par exemple à 5 h du matin il revisse les boulons du pilote automatique ! Mon père reste imperturbable et d’humeur égale, à la barre comme à la vaisselle ! Toujours pas la moindre lueur à l’horizon, pas vu de dauphins ni de baleines, nous sommes vraiment seuls au monde. Seuls les poissons volants animent notre route.

Jour 5 (13 novembre) – Depuis notre départ, le temps est resté maussade et nuageux. Ce matin il y a une éclaircie et le soleil semble pointer son nez ! Les filles sont amarinées maintenant et nous reprenons une vie « normale » avec les cours du CNED, la cuisine, les bricolages, etc. Eléa et Maëlle ont même fabriqué des bouchées en chocolat façon « Kinder joy » ! Côté voile, la mer s’est un peu calmée mais le vent a baissé aussi. Seb et papa essayent de régler les voiles au mieux pour garder de la vitesse tout en tenant le cap, mais nous devons parfois dévier de notre route pour que le bateau avance.

Jour 6 (14 novembre) – Belle journée ensoleillée avec une mer peu agitée mais pas beaucoup de vent. Seb met le spi tout l’après-midi. Les filles se sont lancées dans la confection de gaufres. Elles parlent beaucoup du retour en France, ça aide à passer le temps et c’est sans doute une manière de se rassurer aussi. Mathilde rêve de manger des crêpes à « La Sorcière » (une crêperie à Arzon où nous allons chaque été) et réfléchit à la déco de sa future nouvelle chambre. Eléa pense à ses copines et à ses activités. Maëlle parle beaucoup de l’école, de sa maîtresse Valérie, d’aller jouer chez Ernest et d’aller à la bibliothèque en trottinette ! A 3h30 durant mon quart, j’aperçois une lueur à l’horizon ! Enfin ! C’est incroyable la joie soudaine que cela me procure même si c’est complètement idiot. Est-ce un bateau du rallye, un paquebot, ou bien un bateau du « Vendée Globe », qui sait ? Les lumières se rapprochent assez vite, finalement il s’agissait d’un porte-conteneur qui passe juste derrière nous.

Jour 7 (15 novembre) – J’éprouve une grande lassitude. Est-ce dû à la nouvelle routine qui s’installe à bord, ou au contraire à l’incertitude du lendemain : comment sera la mer, le vent, est-ce qu’on ne va rien casser ? Ou simplement le manque de sommeil réparateur ? Encore 12 jours au moins sur ce rythme, je réalise que ça va être terriblement long. Moi qui aspirais à retrouver une certaine paix intérieure, me voilà en proie à un tourbillon de pensées négatives et de doutes, de remises en questions. C’est dur d’être confronté à soi-même sans échappatoire possible. Durant mes quarts de nuits j’essaye de procéder à une sorte d’introspection. La nuit et la solitude sont propices à faire le point sur mes envies, mes actes manqués, ce que je voudrais changer dans ma vie. Beaucoup de choses enfouies remontent à la surface. Des larmes coulent sur mes joues, minuscules gouttes salées dérisoires face à l’immensité de l’océan. Je songe aux jolis mots de Gisèle : « Il y aura toujours le haut de la vague », et je m’y accroche. Aller au bout de l’océan et au bout de soi-même équivalent sans doute à 10 ans de thérapie chez un psy !

Jour 8 (16 novembre) – Mon trouble de la nuit s’est dissipé… Je sais que j’avance dans la bonne voie pour renouer avec mes aspirations profondes. De nouveaux projets germent dans mon esprit… A mille lieues de ces préoccupations, Eléa est complètement absorbée par Noël : elle confectionne une crèche avec des bouchons de liège, à la faveur d’une idée de bricolage trouvée dans Astrapi. Moi qui pensais que cette année nous allions échapper à la frénésie de Noël ! Il n’y a pourtant pas de catalogues de jouets qui débordent de la boîte aux lettres ni de sollicitations extérieures… Elle a même fait sa liste au père Noël qui est scotchée dans sa cabine !

Jour 9 (17 novembre) – Les jours se suivent et se ressemblent. Ce matin on aperçoit un voilier devant nous mais il ne répond pas à la VHF, on ignore si c’est un bateau du rallye. Nous essayons de passer entre les « grains », c’est-à-dire de gros nuages sombres chargés de pluie et annonciateurs de grand vent. Il faut être attentif pour ne pas risquer d’abîmer les voiles, car le vent peut passer brusquement de 10 nœuds à 30 nœuds ! Moi je ne serai pas contre une bonne pluie pour pouvoir me doucher !

Jour 10 (18 novembre) – Ca y est, nous sommes à la moitié du parcours ! Nous sommes passés en dessous des 1000 milles… C’est bon pour le moral ! Cet après-midi nous sommes au vent arrière avec grand voile déployée et génois tangonné, et nous pouvons suivre notre cap. Depuis le départ nous sommes fréquemment obligés de tirer des bords, ce qui prend plus de temps car on avance en zigzague vers le Nord puis le Sud, au lieu de suivre une route directe. Quelques-uns nous en ont fait la remarque par texto. Rassurez-vous, nous n’abusons pas du rhum à bord ! Il faut s’accommoder du vent. Il faut s’accommoder de tout d’ailleurs ! Du vent mais aussi de la mer, de la houle, des mouvements du bateau, de l’humeur de l’équipage… Apprendre à patienter et à accepter ce qui vient, car nous n’avons de toutes façons aucune prise sur la météo. Exercice difficile pour moi, qui aime bien maîtriser les choses…

Jour 11 (19 novembre) – Pour marquer cette première moitié du parcours, nous avons préparé avec Eléa un message dans une bouteille à la mer. Je sais, je suis un peu trop romantique, mais imaginez qu’un enfant retrouve notre bouteille échouée sur une plage dans un an ou même dans dix ans, qui sait ? Ca me ferait tellement plaisir qu’il nous contacte et qu’on sache où la bouteille a atterri ! Les filles sont aussi enthousiastes que moi et se disputent la faveur de la jeter à l’eau… C’est finalement Eléa qui la lance, et nous la regardons voguer.

Jour 12 (20 novembre) – Une pensée pour Sylvie ! Chaque mille est difficilement gagné et la route me semble interminable… 8 jours encore sans doute… On sait que les premiers bateaux du rallye sont arrivés à la Barbade. Je suis envieuse !

Jour 13 (21 novembre) – Avant de partir, j’avais une vision un peu naïve et romantique de la traversée, je m’imaginais me sentir libre sur mon beau voilier toutes voiles dehors, fendant les vagues. En fait j’éprouve au contraire un sentiment d’enfermement comme je n’ai jamais connu auparavant. Je ne m’explique pas bien pourquoi d’ailleurs.

Jour 14 (22 novembre) – Comme chaque matin, j’allume l’iridium pour envoyer notre position et je consulte les messages. C’est toujours un immense plaisir, doublé d’une grande frustration car la plupart des messages sont coupés et nous ignorons les expéditeurs car le numéro ou le mail n’apparaissent pas. Le jeu consiste donc à deviner, à travers l’écriture, la provenance de chaque message ! Merci en tout cas, ça fait chaud au cœur ! Et désolée de ne pas avoir pu vous répondre… Nous ne savons pas comment remédier à ce problème, il semblerait qu’on soit en fait limité à 70 caractères, espaces compris : il faut faire court !

Jour 15 (23 novembre) – Plus qu’un quart de la route ! En fin d’après-midi le vent tombe complètement, on passe au moteur. Maëlle se remet de 4 jours de fièvre. J’ignore ce qu’elle a eu. Quelques petits boutons sont apparus sur son torse aujourd’hui, me faisant penser à la roséole, mais cela pourrait aussi bien être des boutons de chaleur. En tout cas nous sommes soulagés que ce soit passé.

Jour 16 (24 novembre) – On repasse à la voile. Les journées passent vite et lentement à la fois, rythmées par les quarts et la préparation des repas. D’abord on fait la provision d’eau le matin avec le dessalinisateur, puis on confectionne le pain : pétrir, laisser reposer, pétrir de nouveau, laisser lever, puis mettre au four. Je cuisine beaucoup avec les filles, ça passe le temps, ça occupe les mains et l’esprit, et les bons petits plats tout comme les gourmandises contribuent au moral de l’équipage ! Cookies, gaufres, gâteaux, crêpes… rien ne nous arrête ! J‘ouvre la carte « joker » donnée par Cécile avant de partir, celle à ouvrir seulement en cas de coup de blues… J’ai le cœur qui bat plus fort en déchirant l’enveloppe, et le sourire qui vient aux lèvres en la lisant. Quelle délicate attention. Tu, Vous, me manquez terriblement mais je pense aussi très fort où jour on l’on se retrouvera, on aura tellement de choses à se raconter !

Jour 17 (25 novembre) – Au lever du soleil, ça mord ! Une première touche décroche, de toutes façons Seb n’arrivait pas à la remonter. La 2e touche est la bonne ! Nous n’avons pas identifié ce poisson, mais il était très bon ! Ca tombait à point car nos vivres ont sérieusement diminué et je me demandais que faire à manger pour midi. En fin d’après-midi on attrape un beau thon ! C’est notre jour de chance ! En fait on n’avait pas mis les lignes jusqu’à présent car on traînait le bout et l’hélice de l’hydrogénérateur.

Jour 18 (26 novembre) – La matinée est occupée à la confection de sushis au thon ! Malgré les cours de Kelly à Ténérife, on galère un peu ! Kelly est la directrice de la chaîne « Sushi Daily » et elle fait partie du rallye, vous y croyez ? Bref, autant dire une pro ! Après avoir tout préparé, une vague traitresse fait valdinguer une assiette, argh ! Bon, la présentation n’est pas au top mais on se régale quand même. L’après-midi je fais des crêpes avec les deux œufs qui me restent. Si tout va bien, on devrait arriver demain. Depuis hier soir nous avançons au moteur car il n’y a pas de vent (mais quand même de la houle, un comble !). On n’a pas vraiment eu de chance avec les alizés, dommage. Les puristes diront qu’il faut attendre le mois de décembre pour trouver les alizés. Je crois surtout que c’est le hasard ou la chance, et que les marins ne sont jamais satisfaits de la météo ! Moi je suis surtout soulagée de ne pas avoir eu à affronter de tempête, et de n’avoir rien de cassé sur le bateau. En fin de journée on s’offre une douche avec un pulvérisateur et c’est divin ! Nous n’avons plus d’eau douce dans notre réservoir, il est temps qu’on arrive. On aura quand même tenu 18 jours à 6 avec 350 litre d’eau. Savez-vous que 350 litre, c’est la consommation journalière moyenne par personne dans les pays industrialisés ? Dernier quart de nuit… Celui-ci a une saveur particulière. Dernière ligne droite, j’ai du mal à réaliser que nous touchons presque au but. Dans quelques heures nous apercevrons la Barbade pour de vrai et pas seulement sur la carte. Quelques heures encore et nous pourrons marcher sur la terre ferme !

Jour 19 (27 novembre) – Nous souhaitons en pensée un très joyeux anniversaire à Thomas ! Mes trois filles chéries n’ont pas oublié ma fête et m’ont préparé un cadeau surprise avec carte, marque-page et dessin. Double cadeau car c’est aujourd’hui que nous arrivons à la Barbade (c’est le GPS qui le dit !). Les filles ne tiennent plus en place et ont hâte de retrouver leurs copains et copines du rallye. Les adultes sont aussi impatients je dois dire ! L’après-midi semble interminable. A 17 h enfin on arrive au port de Bridgetown, accueillis par Jimmy Cornell et sa fille Doïna, ainsi que Pascale et Pascal. Le soir on ouvre le champagne, celui offert par Chantal et Jean-Pierre lors de la fête à Port-Leucate : « Vous l’ouvrirez à la Barbade ! » Voilà, c’est chose faite ! Nous trinquons à votre santé à tous, famille, amis, et vous remercions pour votre soutien. We did it !!!

L'équipage sur le départ
L’équipage sur le départ
Eléa prend son père en photo en haut du mât
Eléa prend son père en photo en haut du mât
Préparation de bouchées au chocolat blanc et noir
Préparation de bouchées au chocolat blanc et noir
Notre bouteille à la mer
Notre bouteille à la mer
Coucher de soleil sur l'Atlantique
Coucher de soleil sur l’Atlantique
Arc-en-ciel entre les cumulus
Arc-en-ciel entre les cumulus
Nos sushis au thon fraîchement pêché !
Nos sushis au thon fraîchement pêché !
Le dernier jeu de Maëlle avec sa poupée Juliette
Le dernier jeu de Maëlle avec sa poupée Juliette
L’archipel du Cap-Vert – Du 22 octobre au 3 novembre 2016

L’archipel du Cap-Vert – Du 22 octobre au 3 novembre 2016

Voile, Voyage

A notre arrivée à Mindelo sur l’île de Sao Vicente, il nous a fallu quelques jours pour nous acclimater. Le décalage horaire (3h de moins par rapport à la France), la chaleur et la moiteur (jusqu’à 75 % d’humidité dans l’air), la perte de nos repères habituels… Nouveaux visages, nouvelle culture (créole), nouvelle monnaie (l’escudo). Des paysages sublimes, un festival de couleurs, mais aussi la pauvreté : on prend tout cela en pleine face. Aux Canaries nous étions encore en Europe, au Cap-Vert nous avons l’impression d’être à l’autre bout du monde ! Anciennes colonies portugaises, ces îles sont le reflet d’un métissage entre l’Afrique, le Brésil et l’Europe. Les Capverdiens sont accueillants et souriants. Leur regard est parfois insondable, teinté de mélancolie et d’espérance, comme les chansons de Césaria Evora dont la présence flotte encore dans l’air. Ici, on lui voue un véritable culte !

En 12 jours, nous avons visité 5 îles sur les 10 qui constituent l’archipel. Des îles volcaniques, montagneuses, avec de magnifiques plages de sable blanc ou noir, des criques désertes, des barques multicolores, des vallées verdoyantes, sauvages ou cultivées. Nous avons traversé en mini-bus des dizaines de villages. La curiosité est des deux côtés, et les habitants ne sont pas avares de sourires et de signes de la main ! On sent que les touristes sont assez rares. Le long des routes, hommes et femmes vont à pied portant de lourds fardeaux sur leurs têtes : fagots de bois, maïs, grandes bassines remplies de bananes ou de poissons… D’autres restent dehors devant leur maison, attendant je ne sais quoi. Une certaine nonchalance règne des ces îles tranquilles.

A Santo Antao, nous avons mouillé à Tarrafal, juste en face d’un village de pêcheurs, et mangé notre première langouste (celle-ci est pour toi Jean-Jaques !). A Brava, la plus petite île habitée, nous avons jeté l’ancre dans la baie de Faja do Agua, abritant un joli village. Les habitants n’en revenaient pas de voir autant de voiliers au mouillage. Selon le chauffeur de bus local, il n’y avait pas eu autant d’affluence depuis 1979 ! D’habitude il y a paraît-il 6 voiliers au maximum dans la baie. C’est à Brava que nous avons connu nos premières pluies tropicales. Nous avons bien failli rester là-bas, car notre ancre et la chaîne étaient coincées sous des rochers ; impossible de la remonter ! Sébastien a dû plonger avec sa bouteille à plus de 20 mètres pour les dégager. Ce sont les aléas des mouillages : parfois l’ancre « décroche », d’autrefois elle se coince… A Fogo, nous étions amarrés à couple (c’est-à-dire contre un autre bateau) le long des docks et c’était très inconfortable et pas très sécurisant ! Mais l’île est superbe avec son volcan toujours en activité. La dernière éruption date de 2014 : elle a ravagé les habitations mais n’a pas fait de victimes. Les vignes poussent dans ce paysage lunaire et fertile, et le vin de Fogo est particulièrement savoureux ! A Santiago, nous avons mouillé dans la baie de Tarrafal, magnifique et si tranquille. Le tour de l’île était extraordinaire, nous offrant une multitude de paysages et de visages qui resteront dans nos mémoires. Ce qui est émouvant également dans ces îles, ce sont les vestiges d’un passé colonial pas si lointain que ça : le Cap-Vert se trouvait au cœur du commerce triangulaire entre l’Europe, l’Afrique et le Brésil.

Nous sommes maintenant de retour à Mindelo et nous nous préparons pour la traversée de l’Atlantique. Départ prévu le 9 novembre ! Le Wi-Fi est aléatoire et j’ai peur d’avoir du mal à vous envoyer toutes les photos…

Traversée Canaries – Cap Vert – Du 12 au 18 octobre

Traversée Canaries – Cap Vert – Du 12 au 18 octobre

Préparatifs, Voile, Voyage

Bien arrivés au port de Mindelo à Sao Vicente ! Nous sommes restés quelques jours et nous repartons aujourd’hui faire un tour des autres îles de l’archipel du Cap Vert, puis nous reviendrons à Mindelo début novembre. Plutôt qu’un récit journalier, je vous propose un carnet thématique de cette traversée.

Navigation et météo. Nous avons eu de bonnes conditions pour traverser, mais il nous a manqué un peu de vent. Les alizés n’étaient pas franchement au rendez-vous. Nous avons donc navigué pour moitié à la voile (les premiers jours) puis au moteur. Maskali se comportait bien au portant (vent et mer venant de l’arrière, qui nous poussent) et avançait parfois à plus de 7 nœuds. Nous avons fait de jolis quarts de nuit éclairés par la pleine lune. La mer était peu agitée, avec parfois une longue houle caractéristique de l’Atlantique. On a également eu une mer d’huile durant les moments de pétole (pas de vent du tout). Sébastien a pu tester le spi : c’est toujours une manœuvre un peu délicate et tout a bien marché. Ce qui est étonnant, c’est que nous avons navigué en solitaire, croisant à peine un ou deux bateaux, alors que tous les voiliers du rallye sont partis quasiment en même temps. L’océan est vaste et nous avons tous suivi des routes différentes pour aller au même endroit.

Mal de mer. Nous avons tous testé (sauf papy qui n’est jamais malade) un nouveau système anti-mal de mer élaboré par l’un des participants du rallye, et qui est en train d’être commercialisé : e-trigg. Il s’agit d’une pastille en métal de la taille d’une pièce de monnaie à coller sur la peau. Le concepteur reste énigmatique sur le procédé, mais il n’y a ni produit chimique ni effets secondaires. Vous pouvez lire l’article de Gaëlle (de Balanec) sur le sujet. Sébastien pense qu’il s’agit d’un placebo, mais le fait est que ça a plutôt bien marché sur nous ! Seule Eléa a vomi 2 ou 3 fois, mais rien à voir avec le début et son temps de récupération était beaucoup plus rapide.

Sommeil. Ce qui est difficile à gérer durant les longues traversées, c’est le manque de sommeil. Il faut faire marcher le bateau de jour comme de nuit. Bien sûr nous avons le pilote automatique qui tient bien le cap (mieux que nous !) mais il faut faire la veille, c’est-à-dire surveiller qu’il n’y ait pas d’autres bateaux ou d’obstacles sur notre route. Nous sommes trois à bord à nous relayer, donc nos quarts ne sont pas très longs (nous changeons toutes les 2 h). Mais il faut réussir à dormir avant et après son quart, ce qui n’est pas toujours évident. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, un voilier n’est pas silencieux, il fait même beaucoup de bruit en navigation : il y a les vagues qui tapent sur la coque, les voiles qui claquent, le bois qui craque, et puis le bruit du pilote automatique ainsi que du moteur lorsqu’il tourne. Et à l’intérieur, les bruits sont amplifiés.

Avaries. Peu de problèmes à déplorer, heureusement ! La veille de notre arrivée, le moteur a ralenti soudainement. Les filtres à gasoil étaient très encrassés et Sébastien a dû les nettoyer et les changer. Ensuite le moteur est reparti comme avant.

Energie. Nous avons pu constater que nous étions autonomes en énergie à bord. Le bateau est équipé de panneaux solaires et d’une éolienne qui nous permettent d’alimenter les deux frigos, les appareils électroniques (GPS, radar, navtex, iPad avec les cartes pour la navigation…), les lumières, le dessalinisateur et le pilote automatique. Nous avons également un hydrogénérateur (hélice tractée derrière le bateau qui fait tourner une dynamo) que nous installons la nuit afin de remplacer les panneaux solaires qui ne produisent plus d’énergie. Pour limiter la consommation, nous éteignons un des frigos durant la nuit. Bien sûr quand nous sommes au moteur, celui-ci recharge les batteries.

Cambuse. Avant une traversée, il faut anticiper ! La veille du départ nous avons fait de grandes courses au supermarché et au marché local pour les fruits et les légumes, qui sont ensuite rangés dans des filets ou des bacs aérés. En général, j’essaie de préparer à l’avance de quoi manger pour le premier jour, par exemple un cake salé et des œufs durs, ou bien une salade de riz. Eléa a rédigé une suggestion de menus pour la semaine. La mer étant plutôt calme, j’ai réussi à cuisiner normalement, comme à terre : quiche, gâteau, salade composée… Nous avons fabriqué notre pain, cuit au four dans une cocotte en fonte. Le premier n’a pas beaucoup levé, manquait de sel et n’était pas assez cuit… mais mangeable ! Le second était mieux réussi. Il faut vérifier tous les jours que les fruits et les légumes ne s’abîment pas. Le 3e jour je me suis aperçue que certains commençaient à se gâter. J’ai donc adapté les menus pour ne rien gaspiller : poêlée de légumes, salade de fruits, gâteau à la banane… Les œufs se conservent très bien et longtemps hors du frigo à condition de les retourner tous les 3 jours pour éviter que le jaune se colle à la coquille. Au final, je ne me suis pas trop trompée au niveau des quantités, il nous restait de quoi manger à l’arrivée. L’enjeu pour la traversée de l’Atlantique sera de conserver des produits frais pour au moins 15 jours, voire 3 semaines. Je n’ai guère envie de manger des conserves…

Eau. En mer et dans les îles où il ne pleut que 2 ou 3 fois par an, l’eau douce est particulièrement précieuse. Pas question de la gaspiller ! Nous sommes partis avec le réservoir plein d’eau douce, c’est-à-dire 350 litres. A l’arrivée il nous restait un peu plus de 100 litres. Nous avons donc eu une consommation raisonnable, mais il faudrait être encore plus économe. Cette eau (en général non potable – cela dépend des ports) sert à se laver les mains et faire sa toilette, se brosser les dents, cuisiner (quand elle est bouillie), laver la vaisselle… Pour l’eau potable, nous avons un dessalinisateur à bord. Tous les efforts de Sébastien pour le réparer n’ont pas été vains ! Il a très bien fonctionné. Il nous permet de remplir une bouteille en 2 minutes et nous assure de l’eau potable à volonté ! Sébastien a également installé une pompe à eau de mer. On peut ainsi laver la vaisselle à l’eau de mer et la rincer à l’eau douce. L’eau de mer peut même être utilisée pour la cuisson du riz et des pâtes ou la fabrication du pain. Attention toutefois à utiliser moitié eau de mer, moitié eau douce, sinon c’est beaucoup trop salé et amer !

Déchets et recyclage. En bateau, un autre point important est la gestion des déchets. Si nous ne voulons pas être envahis de poubelles, il faut trier. Nous avons 5 types de poubelles à bord : une « normale », une pour les déchets organiques, et les autres pour les matériaux recyclables (papier/carton, plastique, métal, verre). Rien d’exceptionnel à cela, la plupart d’entre vous font également le même tri à terre, avec un coin compost au fond du jardin ou sur le balcon. Lorsque nous sommes au large, nous pouvons jeter tout ce qui est biodégradable. Tout le reste est conservé jusqu’à ce qu’on arrive au port où, en général, des bacs de tri sont prévus.

Pêche. Les filles sont devenues des championnes de la pêche ! Nous avons eu de la chance durant cette traversée, les poissons ont bien mordu. Nous avons attrapé des petites daurades, ce qui a bien agrémenté les menus. La technique pour les tuer rapidement est de les aveugler avec un chiffon et de leur verser un peu d’alcool dans les ouïes. Cuites au four, c’est un délice !

Animaux rencontrés. Nous avons croisé des dauphins à plusieurs reprises ! Dès le 2e jour, à 8h30 du matin, un groupe de dauphins s’approchent du bateau. Maëlle est la première à les voir ! Nous allons tous à l’avant de Maskali pour les voir jouer et sauter à l’étrave, il y en a au moins une dizaine. Ils profitent de la vague créée par le bateau pour surfer. Ils nous accompagneront pendant au moins une demi-heure ! Les autres jours ils sont restés moins longtemps, sauf le dernier jour, en approchant du Cap Vert, c’était un vrai festival ! Juste au lever du jour, des dizaines de dauphins sont venus, nous offrant un florilège de sauts extraordinaires, des vrilles, c’était incroyable ! Nous avons également croisé une grande tortue nageant tranquillement à la surface de l’eau. Et une multitude de poissons volants ! D’ailleurs, les dauphins faisaient des bonds pour les attraper en vol ! Nous avons vu des oiseaux, même très loin de la terre, c’était étonnant. Je n’ai pas pu identifier les espèces, mais il y avait des petits oiseaux noir et blanc qui ressemblaient à des hirondelles, et d’autres plus grands proches des goélands.

Occupations. Les filles ont un peu avancé leurs cours du CNED ce qui est une bonne chose. Elles n’ont pas encore tout à fait rattrapé leur retard… Un peu de lecture, regarder les guides touristiques, écouter de la musique. Du dessin, des découpages. Ce qui est regrettable, c’est que les filles passent beaucoup de temps à se chamailler, comme à terre, ça n’a pas changé ! Elles se plaignent parfois de s’ennuyer en mer, mais j’essaye de leur expliquer que c’est un luxe de pouvoir s’ennuyer, cela veut dire que tout le champ des possibles est ouvert, que l’on a du temps pour rêver ou méditer…

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Globicéphales en vue !

Globicéphales en vue !

Voile, Voyage

Entre les îles de Tenerife et la Gomera vivent des groupes de globicéphales tropicaux. On les reconnaît à leur tête bombée, en forme de globe. Ces mammifères marins mesurent entre 4 et 5 mètres. Nous avons croisé plusieurs groupes hier en allant à la Gomera. L’excitation était à son comble à bord ! Les globicéphales sont plutôt calmes et placides (comparés aux dauphins), nous avons donc pu les approcher en voilier (pas trop longtemps pour ne pas les déranger !). Il y avait une maman avec son petit qui nageaient côte à côte. Magnifique !