A notre arrivée à Mindelo sur l’île de Sao Vicente, il nous a fallu quelques jours pour nous acclimater. Le décalage horaire (3h de moins par rapport à la France), la chaleur et la moiteur (jusqu’à 75 % d’humidité dans l’air), la perte de nos repères habituels… Nouveaux visages, nouvelle culture (créole), nouvelle monnaie (l’escudo). Des paysages sublimes, un festival de couleurs, mais aussi la pauvreté : on prend tout cela en pleine face. Aux Canaries nous étions encore en Europe, au Cap-Vert nous avons l’impression d’être à l’autre bout du monde ! Anciennes colonies portugaises, ces îles sont le reflet d’un métissage entre l’Afrique, le Brésil et l’Europe. Les Capverdiens sont accueillants et souriants. Leur regard est parfois insondable, teinté de mélancolie et d’espérance, comme les chansons de Césaria Evora dont la présence flotte encore dans l’air. Ici, on lui voue un véritable culte !

En 12 jours, nous avons visité 5 îles sur les 10 qui constituent l’archipel. Des îles volcaniques, montagneuses, avec de magnifiques plages de sable blanc ou noir, des criques désertes, des barques multicolores, des vallées verdoyantes, sauvages ou cultivées. Nous avons traversé en mini-bus des dizaines de villages. La curiosité est des deux côtés, et les habitants ne sont pas avares de sourires et de signes de la main ! On sent que les touristes sont assez rares. Le long des routes, hommes et femmes vont à pied portant de lourds fardeaux sur leurs têtes : fagots de bois, maïs, grandes bassines remplies de bananes ou de poissons… D’autres restent dehors devant leur maison, attendant je ne sais quoi. Une certaine nonchalance règne des ces îles tranquilles.

A Santo Antao, nous avons mouillé à Tarrafal, juste en face d’un village de pêcheurs, et mangé notre première langouste (celle-ci est pour toi Jean-Jaques !). A Brava, la plus petite île habitée, nous avons jeté l’ancre dans la baie de Faja do Agua, abritant un joli village. Les habitants n’en revenaient pas de voir autant de voiliers au mouillage. Selon le chauffeur de bus local, il n’y avait pas eu autant d’affluence depuis 1979 ! D’habitude il y a paraît-il 6 voiliers au maximum dans la baie. C’est à Brava que nous avons connu nos premières pluies tropicales. Nous avons bien failli rester là-bas, car notre ancre et la chaîne étaient coincées sous des rochers ; impossible de la remonter ! Sébastien a dû plonger avec sa bouteille à plus de 20 mètres pour les dégager. Ce sont les aléas des mouillages : parfois l’ancre « décroche », d’autrefois elle se coince… A Fogo, nous étions amarrés à couple (c’est-à-dire contre un autre bateau) le long des docks et c’était très inconfortable et pas très sécurisant ! Mais l’île est superbe avec son volcan toujours en activité. La dernière éruption date de 2014 : elle a ravagé les habitations mais n’a pas fait de victimes. Les vignes poussent dans ce paysage lunaire et fertile, et le vin de Fogo est particulièrement savoureux ! A Santiago, nous avons mouillé dans la baie de Tarrafal, magnifique et si tranquille. Le tour de l’île était extraordinaire, nous offrant une multitude de paysages et de visages qui resteront dans nos mémoires. Ce qui est émouvant également dans ces îles, ce sont les vestiges d’un passé colonial pas si lointain que ça : le Cap-Vert se trouvait au cœur du commerce triangulaire entre l’Europe, l’Afrique et le Brésil.

Nous sommes maintenant de retour à Mindelo et nous nous préparons pour la traversée de l’Atlantique. Départ prévu le 9 novembre ! Le Wi-Fi est aléatoire et j’ai peur d’avoir du mal à vous envoyer toutes les photos…

15 Comments

  • Mamie Nicole

    Je me régale une fois de plus, commentaires et photos toujours sublimes.
    Je comprends que ces îles et leurs habitants vous aient enthousiasmés. J’ai pu avoir des nouvelles de vos déplacements ainsi que des photos du groupe et de vous en consultant le site de Barbados 50.
    Bons préparatifs et aussi bon repos avant la grande traversée.
    Bravo pour les dons et les contacts avec les enfants locaux.
    Affectueux baisers à tous et gros câlins à mes petites chéries.

  • Hola chicas y chicos ! Quelle belle lecture à l’heure du café. Nous nous régalons tous de ces carnets virtuels que tu nous offres, Séverine. Les émotions et les impressions flottent à hauteur du vocabulaire technique et cela nous donne la sensation bien agréable -mais complètement faussée- de voguer à vos côtés. Hier soir à Girona nous avons vu un très beau cirque traditionnel et on a encore des étoiles dans la tête. Pour l’heure, bagages et rangement avant de regagner la grisaille automnale de Toulouse. Besos a todos.

  • Marie Edith

    Petit dej sous le ciel gris et pluvieux de Toulouse ensoleillé par ton carnet de bord qui donnent à voir tant de choses. On pense souvent à vous, à tout ce que vivez… Bonne traversée alors! On se reparle de l’autre côté de l’océan!

  • En effet, les paysages africains changent, on ressent même une certaine moiteur de l’atmosphère, le ciel n’est plus si bleu que dans les Canaries, il doit y avoir moins de vent.
    Je vous en souhaite pourtant pour la grande traversée, pas trop tout de même …
    Que les alizés vous mènent tranquillement jusqu’à La Barbade.
    Gros bisous à tous.

  • Garés family

    Merci pour ce voyage (et le tri des photos :-)*) et bon courage pour celui à venir (le voyage, pas le tri !!)
    Jeanne m’a demandé hier si elle pourrait inviter Mathilde à son anniversaire… Je lui ai dit que ça risquait de faire loin pour vous : en février, dans quelle baie idyllique vous trouverez-vous ?
    *tout à coup, je pense au moment où tu voudras t’atteler à ton album photo… Ahahahah, ne pas penser à ca, surtout pas !
    Gros bisous

  • Muriel

    Quel plaisir d’avoir de vos nouvelles! Merci pour ces belles vues! Espérons que tout l’équipage est en forme! On vous voie peu sur les photos !?
    Allez-vous trouver de quoi faire le ravitaillement pour la traversée ? Bons préparatifs ?
    Quel sera votre mouillage début février 2017 ?
    Bises à tous.

    • Coucou ! J’ignore encore où nous serons en février… Sans doute aux îles Vierges britanniques ou bien en République dominicaine. Une fois arrivés « de l’autre côté », à la Barbade, nous réfléchirons plus en détail à notre programme. L’avitaillement est presque fini, je dois encore aller au marché demain matin pour les fruits/légumes et prendre les produits frais au supermarché. Gros bisous.

  • Hugo Foulon

    Bonjour à toute la famille,

    Nous sommes ravis de voir que vous allez bien et que vous vivez une belle aventure.
    Vos photos sont superbes.
    Nous vous remercions pour votre jolie carte du Cap-Vert et continuons de suivre votre voyage.

    Gros bisous.
    Hugo et Mélanie

  • PHILIP J&J

    Ouf, que d’émotions !!!!! et bravo à tout l’équipage.
    Nous vous avouons que nous étions particulièrement émus lorsque vous n’êtiez plus qu’un petit point noir à l’horizon, aussi nous avons déjeuné au port puis revenus à plusieurs reprises pour se rassurer peut-être !!!!
    Pas de baleine, pas de dauphin mais un super thon !!! La description journalière de votre périple à travers l’océan nous fait vibrer comme si nous étions à bord avec vous.
    Les 3 moussaillons ont été admirables aussi bien en cuisine qu’en bonnes équipières.
    L’amiral Jean-Pierre fut impérial, le capitaine Sébastien particulièrement courageux et professionnel quant à Séverine, une future Georges Sand et également grande maîtresse à bord. Nous vous embrassons très très tendrement et félicitations à vous tous. J&J

Répondre à Mamie Nicole Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *